Nos artisans ont du talent

Depuis le XVIIIe siècle, l’essentiel de l’artisanat dans les Baronnies provençales était lié aux pratiques agricoles. Même si on pouvait trouver ici ou là, des tisserands, assez nombreux, suivis par les taillandiers, couteliers, ébénistes… A partir de l’entre-deux-guerres, avec la modernisation de l’agriculture, ces pratiques sont devenues marginales, du moins sont-elles passées de l’artisanat pour évoluer vers la pratique de l’artisanat d’art.

Un savoir-faire en péril

L’atelier, lieu de prédilection des hommes, est devenu peu à peu l’espace où pouvait s’exprimer la créativité des femmes. Ainsi, aujourd’hui, une grande partie des artisans du territoire sont des femmes qui peuvent partager leur métier sur une ferme en complément de revenus agricoles. Cependant, ces dernières décennies, l’appel de la Drôme et des Hautes-Alpes s’est fait pressant pour les artisan.e.s en recherche de calme et de nature et, de fil en aiguilles, le Parc des Baronnies provençales s’est étoffé de nombreux savoir-faire. Ils sont désormais nombreux à avoir fait le pari de s’installer sur une mono-activité pour ne vivre que de leur pratique. Tisserands, céramistes, ébénistes, et autres artisans d’art façonnent pièces uniques ou micro séries signées. Dans les ateliers, cela martèle en rythme sur les établis, les tours tournent à en perdre raison, les métiers à tisser claquent à souhait. On forge ici, on peint là, on émaille ailleurs… et de temps à autres, on s’improvise vendeur sur les marchés. On l’aura compris : les artisans sont de véritables couteaux suisses qui s’évertuent à rendre nos quotidiens plus joyeux.

Les marchés artisanaux ont eu la vie dure ces derniers mois. Les créateurs comptent sur le bon sens des consommateurs pour qu’un effort collectif se dessine pour soutenir ceux qui vivent de leurs petites mains. Si la période de repli reste propice à la création, tant le calme permet une concentration optimale, il reste difficile pour beaucoup d’artisans de trouver les ressources et l’énergie pour créer. En effet, comment trouver l’énergie de faire quand le monde est à l’arrêt ? Comment envisager un stock quand il n’y a pas de visibilité sur les ventes ou que les dommages économiques directs ne permettent plus de se procurer la matière première ?

Ne pas avoir peur d’innover pour avancer

Heureusement les créateurs et artisans ne manquent pas d’imagination. Aux quatre coins du Parc naturel régional des Baronnies provençales, on s’active pour rendre le travail de tous visible. Les compétences et les énergies se fédèrent dans un élan collectif qui rend plus fort. La route de l’artisanat est sinueuse, mais belle, et il ne fait aucun doute qu’à 20km à la ronde, il sera possible de dénicher quelques talents qui méritent une attention particulière et qui rendront chaque intention unique.

Faire les boutiques n’est pas votre tasse de thé ? A Buis les Baronnies, la boutique « Ma Lu Si » a opté depuis longtemps pour une visibilité en extérieur. Ainsi Claire Reynier, la propriétaire des lieux, met-elle en avant les artisans locaux qu’elle apprécie en invitant régulièrement les créateurs à exposer devant sa boutique, sous les arcades. Pour le mois de décembre, elle se sent sereine et prête à mettre en avant les expo-ventes qui ont dû être décalées. Son projet visant également à faire des objets personnalisés, elle sait qu’elle trouvera la clientèle attentive à cette proposition. En attendant, elle utilise les réseaux sociaux. Une pratique vers laquelle les artisans se sont vite tournés.

Autre boutique, autre démarche ! A Nyons, « Folle Avoine » a profité de la seconde vague, pour surfer sur celle du fameux « click and collect ». Depuis quelques temps, il est possible de commander sur le site des artisan.e.s, puis de venir cueillir les créations directement à la boutique chaque matin. Isabelle Aubert, productrice de laine mohair qui y vend ses pelotes (produits de première nécessité) a permis à la boutique de rester ouverte. Avec Mélina Peyre, céramiste du collectif, elles ont mis au profit du groupe leurs quelques connaissances informatiques pour créer un site internet en quelques jours seulement et ont ainsi permis la mise en place de la vente en ligne. Ni une ni deux, chacun.es s’est improvisé.e photographe pour valoriser ses pièces. A la boutique, on s’organise aussi pour que les règles soient respectées, et le retrait des achats se passe en deux temps trois mouvements … Rapide, efficace certes. Mais ce nouveau mode de vente fut une étape difficile à franchir. Les artisan.e.s,  habitué.es à vendre leurs produits en direct, préfèrent évidemment prendre le temps de faire découvrir leurs univers lors de conversations opportunes et d’achats « coups de cœur » en boutique ou sur les marchés.

En parlant de marchés… Interdiction formelle de s’y rendre sans son incontournable panier en osier … sauf si vous avez décidé de mettre tous vos œufs dans celui de l’artisanat ! L’association « l’Oseraie du possible » qui regroupe de nombreux vanniers, propose des cartes cadeaux pour faire découvrir l’art de la vannerie lors de stages. Une belle idée pour tisser les liens familiaux qui se sont quelque peu distendus en 2020.

En parlant d’œufs… les artisans heureux locataires de « La maison des poules » à Nyons pensent déjà à Pâques, aux packs qu’ils peuvent proposer pour permettre à tous de soutenir l’artisanat collectif. Ainsi pour un budget allant de 25, 50 à 100€, une création de chacun des artisans du collectif est proposée. Une belle façon de se soutenir entre amis.

A Serres aussi on se serre… les coudes. Heureux hasard de calendrier, Laure Chaume, qui tient la boutique d’artisans du Hang’Art, s’est formée à la création de sites internet quelques semaines avant le nouveau confinement. La deuxième vague aura été l’opportunité de mettre chacun.e.s des artisan.e.s en valeur sur le tout nouveau site internet. Et sur le lieu on s’organise pour offrir la possibilité de retirer les objets ou meubles de ses rêves chaque mercredi et samedi. Que serait cette Petite Cité de Caractère sans ses artisans ? Pour mieux inciter chacun à aller jeter un œil aux dernières créations, quelques propspectus sont mis à disposition sur les stands du marché de producteurs pour informer de nouvelles possibilités de vente au Hang’Art.

On le voit, ici et là les initiatives fleurissent. Et c’est dans ces moments que le travail collectif prend tout son sens. C’est aussi l’occasion pour chacun.e.s de repenser la vente, et de passer à des  modes de fonctionnement qui, en dehors de la situation d’urgence, ne semblaient pas essentiels. L’expérience aura ceci de bon que, dorénavant, chacun aura gagné en visibilité sur le long terme. Voyons le verre à moitié plein, et en cette nouvelle année, levons-le à la santé de tous.

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