Six écoguides fraîchement recrutés, viennent d’investir le Parc naturel régional des Baronnies provençales pour la saison. Une première journée d’intégration s’est déroulée le 19 juin à la Maison du Parc à Sahune, et se poursuit par 15 journées de formation avant de se rendre en autonomie sur le terrain. Rencontre et explication de leurs fonctions et actions autour des rivières fragilisées.
Entre appréhension des missions d’un Parc naturel régional, découverte des spécificités propres au territoire des Baronnies provençales, et compréhension des enjeux de leur action de sensibilisation à mener sur le terrain, le programme est dense et les connaissances à acquérir sont nombreuses pour les jeunes écoguides ! Avant de se jeter dans le grand bain, les chargés de mission et les techniciens du Parc vont contribuer à les sensibiliser in situ. Leur mission première consistera à repérer les comportements nuisibles pour la nature, et à entamer un travail de médiation pour sensibiliser les touristes à la nécessité de travailler tous ensemble à la préservation de l’environnement. Ainsi, tout l’été, les écoguides devront faire un suivi de fréquentation et établir un comptage de véhicules et d’usagers. Ils auront également pour mission d’alerter sur d’éventuelles dégradations. Leurs connaissances devront permettre d’informer sur l’offre touristique environnante en guidant vers des plans d’eau moins fragiles. Ils devront prévenir des risques incendie et casser les idées reçues : même en bord de rivière, un départ de feu reste possible. Le nettoyage des sites (barrages, foyers, déchets) fait aussi partie de leur mission. Si leur rôle n’est pas de contraindre, leur mot d’ordre reste le suivant : Sensibiliser !
Leur première journée d’écoguide se partage entre un temps de rencontre avec les élus et agents du Parc et une visite de terrain sur l’un des trois sites d’intervention qu’ils auront à investir cette année. Site trop prisé des touristes, la dérive est fréquente pour les randonneurs peu motivés par l’effort de continuer l’ascension les pieds dans le cours d’eau. Pourtant mieux vaudrait suivre le chemin de randonnée qui le jouxte et se réserver pour la baignade en eaux turquoises pour la piscine. Sur le site d’étude proposé ce jour-là, entre juillet et août 2022, des écocompteurs disposés en bas du chemin ont comptabilisé une moyenne de 144 passages par jour contre 4 comptabilisés au sommet du sentier. Cette indication permet de comprendre que les touristes se sont arrêtés à la rivière, et n’ont pas fait la randonnée. Le ruisseau paye les conséquences de ses atours paradisiaques. Il devient un lieu où la biodiversité est mise en péril du fait de la surfréquentation qu’il subit. C’est de ce constat que sont nées les missions d’écoguides qui sont en place sur le territoire du Parc depuis 2021.L’impact positif de leur action a été confirmée sur les deux dernières années, et force est de constater que les médiations ont été accueillies avec bienveillance par les touristes ciblés par leur démarche.
Les Gorges d’Aulan et Les Gorges de la Méouge sont les deux autres sites sensibles du tourisme de masse que subit le territoire entre les mois de juillet et août. Frédéric Roux, élu du Parc et Maire de la commune de Mollans-sur-Ouvèze où coule le Toulourenc, donne quelques exemples symptomatiques de la situation aux écoguides qui découvrent l’ampleur de leur mission : « Il arrive fréquemment que les gens viennent directement avec leur GPS, sans même savoir où ils sont, ni dans quel département ils se trouvent. Leur niveau d’information peut s’avérer très faible, voire nul. Ils viennent parce qu’ils savent qu’ils peuvent se baigner, ils ont vu une photo d’un influenceur sur les réseaux sociaux et suivent la géolocalisation sans se renseigner sur le site et sa fragilité potentielle. Notre rôle est dorénavant de déconstruire l’information venue vendre du rêve, pour préserver les lieux. » Le ton est donné pour les jeunes citoyens engagés dans une mission qui pourrait être considérée d’utilité publique, à la fois pour l’environnement, mais aussi pour sensibiliser les uns ou les autres aux bons comportements à adopter en pleine nature.
Car il leur faudra pouvoir ouvrir le dialogue avec tous et sur tous les sujets (les écoguides n’ont pas vocation à endosser des pouvoirs de police), les jeunes recrues se voient offrir des informations variées sur le Parc. Les sujets ne sont pas toujours directement liés aux rivières, mais ils concernent tous des thématiques qu’ils pourront aborder avec les estivants :
- Comportements à adopter face aux chiens de protection
- Histoire locale, patrimoine et paysages
- Biodiversité
- Forêts et risques incendies
- Politiques environnementales
Alex, l’un des écoguides qui avait déjà officié en 2022 sur le Toulourenc, est arrivé quinze jours avant ses collègues pour rencontrer les gérants des campings. Il s’agit d’une mission nouvelle dans ce dispositif, un travail qui vient amorcer un premier geste de sensibilisation qui fera ensuite ricochet. La rencontre permet également de connaître les renseignements donnés par les hôtes quant aux lieux de baignade recommandés dans la Drôme et dans les Hautes-Alpes. Certains campings ayant des accès directs à la rivière, des documents leur sont confiés pour permettre de signaler les raisons pour lesquelles il est déconseillé de faire des barrages de galets: cette pratique trouble la rivière, réchauffe l’eau, étouffe la faune et bloque les poissons. L’activité de l’été en famille, tel un défi ou un jeu, pourrait d’ailleurs consister à déconstruire les barrages, et à partager sur les réseaux chaque forteresse démolie ! Une jolie guerre contre le réchauffement de l’eau peut commencer !