Mieux connaître les trames de zones pastorales et de forêts matures

Les changements climatiques et l’évolution des activités humaines entraînent des changements dans les écosystèmes qui peuvent menacer certaines espèces animales et végétales de nos territoires. Si historiquement les alpages ont, par exemple, fait l’objet de suivi réguliers et d’observations de leurs évolutions, d’autres milieux restent encore bien moins connus l’on s’interroge sur leur évolution actuelle et à venir. Dans ce contexte, les Parcs naturels régionaux du massif des Bauges, de Chartreuse, du Vercors, des Baronnies provençales et du Verdon se sont associés pour tenter de caractériser deux de leurs biotopes emblématiques : les zones pastorales intermédiaires et parcours préalpins et les forêts matures.

Ces écosystèmes abritent une faune mais aussi une flore qui ont besoin de trouver dans ces milieux des ressources pour pouvoir se nourrir, se déplacer, se reproduire… bref assurer le maintien de leurs populations. Ceci est rendu possible par l’existence d’une certaine continuité des milieux qui leur sont favorables d’où l’importance des connexions entre les différentes zones pastorales ou forêts. Ces espaces sont également les supports d’activités caractéristiques des territoires ruraux de moyenne montagne : le pastoralisme et la sylviculture. Les évolutions climatiques et la déprise agricole entrainent des changements significatifs de ces trames pastorales et forestières.

Grâce au soutien financier de l’Europe (Fond Européen de Développement Régional), de l’État et des Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, les cinq Parcs naturels régionaux engagés dans ce projet travaillent à définir ensemble les modes d’observation permettant de mieux identifier localement ces trames et de suivre leurs évolutions dans le temps et dans l’espace. Ces outils ont vocation à être utiles à tous les territoires qui s’intéressent à ces écosystèmes, leurs richesses naturelles et leurs usages humains.

Les trames pastorales et forestières permettent à diverses espèces animales et végétales de se déplacer afin de s’alimenter, de se reposer ou encore de se reproduire. Ces continuités écologiques favorisent ainsi un brassage génétique des populations qui est favorable à leur résilience face aux perturbations, notamment celles liées au changement climatique.

Les continuités écologiques sont indispensables à la préservation d’espèces menacées inféodées aux milieux ouverts et semi-ouverts, milieux façonnés de longue date par le pastoralisme. Elles sont fragilisées par différents facteurs selon les territoires, comme l’urbanisation ou la dynamique de fermeture des milieux liée à la déprise pastorale. Localement, des continuités écologiques peuvent être compromises par des pressions de pâturage trop fortes pour les milieux. Dans un contexte de changement climatique qui conduira probablement les éleveurs à adapter leurs pratiques, ces zones pastorales intermédiaires et parcours préalpins peuvent avoir un rôle crucial dans le maintien du pastoralisme.

La préservation de certaines espèces forestières menacées passe par le maintien d’une trame de forêts matures. Il est ainsi nécessaire de préserver ou de recréer un maillage d’arbres morts, d’ilots de sénescences et de zones plus vastes en libre évolution.

Les zones pastorales regroupent les zones intermédiaires et les parcours préalpins, soit la mosaïque de tous les milieux naturels de moyenne altitude qui ne peuvent être que pâturés (et non pas cultivés, fauchés, etc.) et qui sont utilisés à différentes périodes de l’année. Ces milieux naturels regroupent aussi bien des pelouses sèches riches en orchidées que des prairies embroussaillées, des lisières et des bois pâturés et n’incluent pas les alpages puisqu’ils sont utilisés qu’en été. Ce sont aussi des lieux de loisirs et de ressourcement pour les humains : contemplation des paysages, randonnées, VTT, etc.

Où sont ces zones pastorales dans les Baronnies provençales ?

Les zones pastorales intermédiaires ou parcours préalpins peuvent être présents un peu partout sur le territoire du Parc. La diversité de milieux concernés crée une complexité supplémentaire sur la définition de la trame : la réflexion menée vise donc à croiser des approches liées aux usages de ces zones par les troupeaux avec des approches en termes de diversité d’espèces associées. L’objectif du projet est de partager à l’échelle de l’arc alpin des outils de caractérisation nous permettant de suivre dans le temps l’évolution de ces milieux. Ainsi, une douzaine d’élevages ont fait l’objet d’enquêtes approfondies pour tenter de montrer la diversité des usages et la place de ces espaces pour les éleveurs : l’objectif est de croiser les outils existants pour proposer une grille commune d’appréciation de ces espaces.

Une forêt mature se caractérise par la présence des dernières phases de son cycle de développement : on y observe de vieux arbres qui portent de nombreux micro-habitats et du bois mort en dégradation. Une forêt est considérée comme ancienne lorsqu’elle existe depuis le milieu du XIXème siècle, lorsque la surface forestière du pays était à son minimum (12% du territoire). Sachant que les essences forestières vivent en général plusieurs siècles, une forêt mature sera souvent ancienne, mais l’inverse est beaucoup plus rare : la plupart des forêts anciennes sont régulièrement « rajeunies » par des interventions humaines. Une forêt à la fois ancienne et mature est qualifiée de « vieille forêt » ou de « forêt subnaturelle ».

Le vieillissement et le dépérissement des arbres favorisent l’apparition de micro-habitats tels que des cavités, des branches mortes ou de certains champignons. Ces micro-habitats abritent une grande diversité d’espèces animales et végétales, comme des coléoptères « saproxyliques » tels que la Rosalie des Alpes, le Lucane cerf-volant ou le Pique-prune qui réalisent au moins une partie de leur cycle de vie dans du bois mort.

Si les éléments caractéristiques de la maturité des forêts des Préalpes du nord sont aujourd’hui assez bien connus, ceci est moins le cas dans les forêts méditerranéennes. Le Parc des Baronnies provençales travaille par conséquent avec celui du Verdon à définir les attributs de maturité de nos forêts.

Ainsi, un réseau de placettes de suivi des forêts du territoire a été installé par une équipe de l’INRAE et nous permettra de mieux connaître les caractéristiques de nos forêts matures afin de pouvoir les cartographier par le biais de modélisations à partir de photographies aériennes ou du LiDAR, une technique de télédétection par laser aéroporté qui permet d’obtenir des cartographies extrêmement précises à l’échelle d’un peuplement forestier telles que la hauteur des arbres, la surface ou le volume occupés. Les relevés réalisés sur ces placettes (essences présentes, quantité d’arbres vivants, quantité de bois mort au sol et sur pied, etc.) pourront être renouvelés régulièrement afin de suivre l’évolution des forêts du territoire.

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