Un marché historique

Depuis des siècles, on vient de loin pour faire ses courses et découvrir le marché de Nyons ! Ce rendez-vous hebdomadaire du jeudi matin est un événement patrimonial de renommée régionale et nationale qui transforme la ville quelques heures chaque semaine, et permet des rencontres uniques avec les producteurs des Baronnies provençales et d’ailleurs. Dans ce « Site Remarquable du Goût » qu’est Nyons, l’alimentation tient une place essentielle et symbolique évoluant au fil des saisons selon les récoltes qui sont nombreuses dans la région. Le marché laisse également la part belle à tous les autres types de commerces, dans une ambiance sans pareil, nécessitant une logistique à toute épreuve qu’élus et agents de la ville orchestrent toujours dans une ambiance conviviale.

Le marché de Nyons serait né au Moyen-Âge

On dit même que la ville s’est construite au fil des siècles autour de celui-ci, le nom même de Nyons issu du latin « Novo Magus » signifiant d’ailleurs le nouveau marché. Si la toponymie des lieux parle de leur histoire, aucun doute alors sur l’intimité qui lie Nyons à ses fameux jeudis matins, un rendez-vous immanquable pour certains locaux et qui attire les touristes par centaines, voire par milliers à la haute saison. L’accent chantant des forains invite à une immersion dans le folklore et les traditions locales. Quant aux produits, c’est tout le terroir de la Provence qui s’offre aux paniers qui se remplissent généreusement au fil des étals.

Comme tous les jeudis, Roger Viarsac et Christian Carrère sont présents. Ils nous guident dans les allées, chacun de leur pas est rythmé par un « bonjour » sympathique lancé par l’un ou l’autre des forains. Dorénavant, ce sont les deux élus et la police municipale qui jouent le rôle endossé ailleurs par les placiers. Ainsi, aucune transaction financière ne se fait par les deux hommes. Roger Viarsac et la Mairie ont pris le parti il y a dix ans, de gérer les affaires financières du marché par le centre des impôts. Les relations saines et sans flux d’argent, permettent un placement en toute sérénité, facilité par la fidélité des forains qui viennent parfois du Gard ou de l’Isère pour y vendre leurs produits, et depuis plusieurs générations pour beaucoup.

Avec leur fourgon ou leur camion, ils traversent aux aurores des paysages dont ils s’imprègnent et qui racontent l’histoire des produits

Le lien qui se fait avec les clients passe souvent par leurs mots et la poésie naturelle qu’ont les uns ou les autres à parler de leur terroir, que tous chérissent. Le jeune boucher Mathieu Nicolas, est originaire de Vers-sur-Méouge près de Séderon, et chaque jeudi il sillonne le Parc naturel régional des Baronnies provençales pour proposer à sa fidèle clientèle nyonsaise l’Agneau de Sisteron et d‘autres viandes d’élevages locaux. Il connaît bien le col de Peyruergue, et les vallées de la Méouge ou de l’Ennuyé. C’est un peu l’enfant du marché, le jeune à qui les habitués viennent offir une barquette de framboises une fois le marché terminé ! Ailleurs, à hauteur du rond-point, la famille Rubin qui vend des chapeaux, vient de Chabeuil. Monique Rubin, la cheffe de famille, présente sur le marché de Nyons depuis plus de 40 ans, a plusieurs casquettes, qu’elle porte dignement ! Présidente des marchés de France, elle est un personnage essentiel à Nyons, dans la Drôme, et même en France où elle représente les forains. Son lien avec les élus permet de passer les saisons sans coup de chaud, pour des jeudis fluides et concertés ! Plus haut, sur la place de la mairie, René Peloux vend de l’huile d’olive, des olives noires qu’il récolte à Venterol, et quelques brins d’herbes aromatiques. Le stand est sommaire, le vieux monsieur est présent depuis toujours, son visage est rond et attendrissant et son accent ne trompe pas sur l’origine des produits !

Réparti sur quatre places du centre, l’évènement du jeudi propose chaque semaine un rituel prenant des airs de chorégraphie bien ficelée

À d’autres époques comme au Moyen-Âge, l’ambiance était bien différente. Le marché aux animaux, aujourd’hui révolu, avait lieu sur la place de la République. Quelques traces subsistent de cette époque où les vendeurs venaient à cheval, et descendaient les collines avec les charettes pour nourrir toute la vallée. Des anneaux pour accrocher les licols sont encore visibles sous les arcades de la place du Docteur Bourdongle, place édifiée par les Dauphins au XIVe siècle pour y accueillir des halles et encourager le commerce du jeudi matin. Ailleurs dans Nyons, des abreuvoirs se trouvent quelque part, cachés dans la Rue Victor Hugo où les chevaux pouvaient s’hydrater. Sur la place Frédéric Autiero se trouvait auparavant l’ancienne Place aux herbes. Si son nom indique un type de commerce bien ciblé, il évoque aussi l’époque où le lieu était un cimetière. Au Moyen-Âge, on organisait volontiers foires, marchés, spectacles et on rendait justice sur ce terrain improbable, au milieu des sépultures. De son côté, le libraire de la place se souvient lorsqu’enfant il allait vendre les centaines d’escargots qu’il ramassait lui-même autour de la ville, pour le plaisir de gagner trois sous, quand le commerce d’animaux vivants était encore autorisé. Aujourd’hui, le marché aux animaux n’accueille plus que le vendeur de truites, présent à cette même place depuis 25 ans, et descendant son bassin remplit de l’eau fraîche de Saint-Ferreol-Trente-pas qui coule depuis la Montagne d’Angèle.

Dans l’histoire du marché de Nyons, celle traversée récemment par la crise sanitaire a marqué les esprits par son arrêt brutal et sans concession. En dehors des guerres mondiales, il s’agit de la seule période sans activité depuis l’histoire connue du marché de Nyons par ses contemporains. Heureusement, l’été arrive et il est de nouveau possible de flâner au milieu des étals, d’observer et écouter les forains révéler leur terroir en se laissant guider par l’histoire des lieux.

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