Qualifier l’apiculture de résiliente pourrait s’apparenter à un pléonasme. Être apiculteur est déjà une manière d’être au monde, et d’appréhender le vivant dans le bon sens. Du moins le croyons nous, car en réalité être apiculteur ET résilient n’est pas toujours si simple. Rencontre avec Mathieu Dubois, apiculteur devenu happy-culteur.
Face aux impacts des changements climatiques sur l’environnement, le Parc naturel régional des Baronnies provençales a pour projet d’accentuer ses actions de sensibilisation à la protection de l’environnement. L’apiculture qui s’impose tel un maillon essentiel de la biodiversité, est une des pratiques qu’il faut encourager pour pérenniser les cultures du territoire. La pratique d’une apiculture raisonnée, et les valeurs de Mathieu Dubois ont incité le parc à participer à la mise en lumière de Mellisphère. Par sa démarche remarquable et sa clairvoyance, il ouvre la voie vers un nouveau chemin symbolique, tourné vers l’avenir.
Il y a encore huit ans Mathieu Dubois était basé à Montclus où il disposait de 250 ruches en transhumance. Menant son entreprise à un rythme effréné, son métier ne lui permettait plus de s’épanouir. Transportant ses colonies d’une vallée à l’autre dans l’espoir de trouver l’endroit idéal pour qu’elles butinent en paix, sa pratique lui offrait trop souvent une récolte aléatoire malgré sa manière bien à lui d’être à l’écoute de ses abeilles. Après des semaines à manier l’enfumoir et avec la tête dans les ruches plus de 12 heures par jour, le bourdonnement ne cessait plus même dans le silence. En 2017 un break fut nécessaire. Ce temps de pause fut celui de la prise de recul, mais aussi du lâcher prise, tout en s’offrant la possibilité d’être à l’écoute de ses besoins d’apiculteur, et d’homme.
Parce qu’on ne quitte pas le monde des abeilles aussi facilement, Mathieu revient aujourd’hui sur la scène apicole avec une autre mélodie en tête. Bien plus douce cette fois. En quête absolue de sens, il a choisi de mener un projet à son échelle, avec à cœur de mettre au profit de ce nouveau départ les enseignements de sa première expérience. Sagesse oblige, l’apiculteur affirme que 43 printemps ne permettent pas de tirer des conclusions trop hâtives sur son métier, tout en faisant de ses faiblesses des forces il affirme avec humilité : « Ce que je sais, c’est que je ne sais pas ! »
Aujourd’hui c’est un nouveau départ … agricole et philosophique donc ! Avec 25 ruches cette année, et l’intention d’en avoir 75 l’année prochaine, c’est un projet à l’image du personnage, qui grandira étape par étape. Commençant par s’entourer d’une communauté de gourmands consciencieux, il a lancé un financement participatif à travers la plateforme MiiMOSA. La récolte 2020 a déjà fait quelques heureux qui ont reçus, selon leurs envies, des pains d’épices moelleux mais aussi des sachets de tisanes de plantes récoltées autour des ruches : une manière pour Mathieu de partager ce qu’il sait faire tout en remerciant les contributeurs de leur soutien financier mais aussi de diversifier sa pratique.