Manu Imbert, viticulteur à Venterol, est un de ces jeunes agriculteurs qui fait du Parc naturel régional des Baronnies provençales un lieu d’exception. Attaché à ses racines, à son terroir autant qu’à ses valeurs, il est investi corps et âme dans son métier-passion qu’il pratique sur les terres de ses parents.
À 31 ans, Manu Imbert a participé activement au lancement de l’appellation Côte du Rhône Villages Nyons, dont Venterol fait partie, signant par la même une année dense pour les viticulteurs de la région. En cette période de vendanges qu’il termine à peine, Manu Imbert fait le constat d’une année riche en émotions. Lui qui a lancé son activité en 2012 et repris la ferme familiale il y a trois ans, a déjà investi de nouvelles parcelles et plante de jeunes pieds à Nyons. À Venterol et Novézan, ses vignes côtoient les oliviers centenaires qui ont traversé les durs hivers et laissé place à un nouveau paysage, ceux que le raisin dessine. Venterol qui était auparavant connue pour son huile d’où il portait son nom « Ventre de l’huile », est maintenant le ventre du vin ! Sur les hauteurs de Nyons, où Manu vient de planter des Syrahs, il aime prendre le temps de profiter des paysages grandioses où il vient tôt le matin. Avec 7 hectares de vignes, 4 d’oliviers et 2 de lavandes, il envisage planter à Novézan, quelques abricotiers pour la vente locale, car dit-il « le vent qui souffle y est bon ». Il préfère diversifier les cultures pour ne pas fatiguer les terres et ainsi favoriser la biodiversité. Il est heureux de constater que chevreuils et lièvres viennent gambader chez lui. Si la nature le laisse rêveur, il reste lucide sur la petite exploitation qu’il mène, car en Côte du Rhône, il lui faudrait 15 hectares pour ne vivre que de cette culture. Ainsi espère-t-il s’associer dans les prochaines années avec son allié Maxime Laurent et sa compagne Mandy. Entre eux, l’entente est parfaite et les échanges de bons procédés, et le prêt de matériel sont naturels. D’ailleurs, la coopération, il connaît. Membre de la Cave coopérative de Nyons, le système lui apporte une certaine sécurité en lui assurant un revenu mensuel. En échange il tient volontiers la boutique de la cave coopérative le dimanche pour donner un coup de main.
Pour compléter son activité le temps que ses jeunes vignes poussent, Manu Imbert travaille aussi chez son cousin au Moulin Jouve. Une aide précieuse quand on sait que cette année la récolte d’olives fut plus que généreuse. La polyvalence est probablement le caractère qui le définit le mieux. Après 13 ans d’expérience au Domaine de Montine à Grignan, il avait appris à y travailler la terre, la vigne, mais aussi le travail en cave qu’il connaît maintenant de A à Z. Conseiller communal sur les questions de l’eau et de la voirie, il est aussi président du Comité des fêtes. Jovial donc, aimant la bonne table… et le bon vin, sa vie privé et son métier sont intimement liés.« Je fais ce qui me plaît ! » déclare-t-il. Il est aussi très reconnaissant du travail qu’a entamé son père : « Il a transpiré 35 ans de sa vie pour ça, ce n’est pas pour rien ! » avouant aussi qu’il ne supporterait pas que quelqu’un d’autre que lui soit sur ces terres aujourd’hui. Attentif à la qualité du vin qu’il produit, il est un brin nostalgique du temps où les vendanges étaient faites à la main. Sur sa ferme, quelques parcelles restent récoltées ainsi, sans machine a vendanger: « Pour moi la meilleure des qualités, c’est du raisin vendangé à la main : il n’y a pas de bouts de bois, on peut enlever le raisin pourri, il n’y a pas de jus non plus, donc pas d’oxydation… » Lui qui a connu l’évolution du métier et grandi sur un tracteur connaît aussi les avantages de la modernisation qu’il ne renierait pas pour autant.
On l’aura compris, si le nom de Manu Imbert ne figure pas sur les bouteilles, le vin qu’il produit reste bel et bien incarné grâce au mélange de son savoureux terroir agrémenté du sel de sa personnalité.
