La forêt derrière l’école (3/4)

La forêt des Baronnies provençales représente un territoire immense, qui reste peu investi par l’humain. Si nous savons nous faire une idée de la riche biodiversité qu’elle abrite, il est rare que l’on s’y aventurer profondément, car cela se fait au prix d’efforts plus ou moins coûteux… La forêt, nous la connaissons vue de nos sentiers ou de nos villages, elle semble pleine de mystères, d’animaux que nous apercevons de loin, de végétaux aussi beaux que rares, et de bien d’autres curiosités propres à ce milieu fermé.

Si ce n’est pas la curiosité qui manque, ce sont parfois les moyens : les chemins de randonnée locaux sont déjà tant escarpés qu’il est difficile d’imaginer les quitter et passer à travers les bois ! Et nos enfants alors ? Elle peut leur faire peur, la forêt… Du moins dans un premier temps…

C’est en tout cas le constat qu’a fait Gwennaëlle, éducatrice sportive et habitante d’Eourres, un petit village au sud de la vallée de la Méouge. Elle intervient deux fois par semaine pour les élèves de l’école, et le mercredi matin pour tous les enfants du village. La première mission qu’elle s’est donnée, c’est de leur faire découvrir une nature plus sauvage que celle dont ils ont l’habitude autour du village, et cela en toute sécurité grâce à ses connaissances d’éducatrice sportive diplômée, de quoi rassurer certains parents.

Ensemble, Gwennaëlle et les enfants d’Eourres partent à la découverte de leur environnement immédiat : des forêts et des grands espaces alentours, et les transforment en terrains de sports et de jeux géants : sports collectifs, parcours moteur, courses d’orientation… Gwennaëlle diversifie les activités, pour que tous y trouvent leur compte et qu’un maximum de compétences sportives et sociales soient mobilisées. Elle les initie à la botanique, en organisant des cueillettes et collectes de plantes à identifier, à l’observation des animaux ou à la lecture de paysages, pour lier la pratique sportive à la connaissance des lieux et de l’environnement.

Si ce genre d’activités sportives seraient possibles à beaucoup d’endroits où l’on peut facilement sortir de l’urbanité, le fonctionnement un peu particulier de l’école d’Eourres permet de laisser une plus grande place à ces sorties en plein air (pas compris cette phrase ?). C’est en effet une école primaire privée sous contrat, qui a longtemps été affiliée à la pédagogie Steiner. Cette façon alternative d’envisager (entre autres) l’éducation place le rythme de chaque enfant, ainsi que celui de la nature, au centre des apprentissages. En classe, on s’organise au rythme des saisons et des curiosités de chacun. Si l’école s’est récemment détachée de ce courant pédagogique, c’est pour laisser plus de place à d’autres pédagogies (notamment Freinet et Montessori) dont l’enseignante de l’école s’inspire également. En ce printemps 2021, c’est même le principe faire classe dans les bois qui fait son apparition dans l’école grâce à l’investissement d’un parent d’élève formé à cette pédagogie venue des pays nordiques. Si ça n’est pour le moment que le début de cette expérimentation, les parents sont très enthousiastes et les enfants ravis de leurs premières expériences !

Ainsi, à Eourres, sortie en forêt ne rime pas qu’avec splendides panoramas sur les montagnes des Baronnies provençales. C’est aussi un lieu investi par et pour les enfants, à mi-chemin entre terrain de jeux et parcours éducatif – comme finalement beaucoup de choses à cet âge-là. L’occasion pour tous de profiter d’une autre façon de la nature qui entoure le village d’Eourres, et qui fait déjà partie intégrante de la vie de la centaine d’habitants de ce village du bout du monde. Une manière naturelle de se reconnecter au « sauvage » et de prendre conscience des liens forts qui nous y unissent.

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