Après trois ans de travail mené sur la question de la Gestion intégrée des risques naturels, le Parc naturel régional des Baronnies provençales dresse un premier bilan encourageant. Le Parc est ce qu’on appelle un TAGIRN, c’est-à-dire un Territoire Alpin de Gestion Intégrée des Risques Naturels. D’une surface de 2350 km², il s’étend de la plaine du Rhône à la vallée de la Durance, du bassin versant de la Drôme au Mont-Ventoux et à la montagne de Lure. L’Eygues, l’Ouvèze, la Méouge, le Buëch et le Lez sont les cinq bassins qui caractérisent ce relief préalpin également constitué d’un ensemble de combes et de crêtes variant de 500 à 1854 mètres d’altitudes. Sa géographie multiple en fait un lieu particulièrement sujet aux risques naturels. Qu’il s’agisse de crues, de feux de forêt, de glissements de terrain, à chaque aléa ses enjeux, et à chaque enjeu une nouvelle mission de terrain dont il faut anticiper les catastrophes naturelles potentielles.
Une des missions du Parc consiste à rassembler les forces vives et à sensibiliser la population pour que la connaissance de ces risques et leurs gestions deviennent culturelles.
Dans le massif de Pierrelongue (15 000 ha) onze communes travaillent ensemble à la question des feux de forêt. Les brebis ayant quitté les collines alentour depuis plusieurs décennies, arbres et buissons gagnent du terrain, rendant les saisons sèches propices aux incendies. Entre 1976 et 1988, 65 feux ont été répertoriés, détruisant 888 hectares. Ici, le risque est six fois plus élevé que dans le reste du Parc. Les 11 communes du massif se sont réunies afin de proposer aux pompiers un projet de pistes D.F.C.I., aménagement nécessaire qui doit pouvoir accueillir les engins toujours plus volumineux des soldats du feu. Ainsi, ce sont dix nouvelles pistes qui ont été créées en 2020 et une citerne qui a été installée sur la commune de Bénivay-Ollon. Dans cette même commune qui compte 70 habitants l’hiver et 400 l’été, le maire Daniel Charrasse facilite les concertations autour de ces sujets fondamentaux. Alors que les agriculteurs se comptent ici sur les doigts de la main, quand un jeune décide de s’installer, Daniel est prêt à tout pour lui faciliter la tâche. En permettant l’écobuage de 4 hectares de terres, le maire a permis à Ludovic Blanchard, un jeune éleveur de 23 ans, d’investir un terrain sur lequel il pourra accueillir un troupeau de 40 bêtes. Si cette technique ancestrale était pratiquée naturellement par nos aïeux, elle est aujourd’hui plus rare. L’accueil de 80 pompiers au début du mois de mars 2020 a permis d’assurer la sécurité de la zone d’écobuage. Du côté des pompiers, la brigade a pu bénéficier d’un entraînement grandeur nature. Quant au maire, il a pu s’assurer de la sécurité de ses concitoyens en vérifiant que les pistes de son village restent praticables.
Ailleurs dans le Parc, les crues et les glissements de terrain sont autant de risques connus. La sensibilisation du grand public est une des missions fondamentales que les agents du Parc se partagent avec le SMIGIBA. Entre rencontres avec les habitants et ateliers avec les scolaires, la complémentarité de leurs actions permet d’essaimer les connaissances. Pour une approche sensible de ces questions, des expositions, conférences et randonnées thématiques sont organisées. À Étoile-Saint-Cyrice, les marcheurs ont pu découvrir le village abandonné et comprendre l’impact des risques sur l’histoire locale. Le captage défectueux d’une source a provoqué dans les années 70 un glissement de terrain emportant les habitations. Un exemple marquant qui révèle l’importance d’agir en amont des risques. Les coûts engendrés par la reconstruction post-catastrophe sont souvent trop difficiles à tenir, quand les dégâts ne sont pas humains.
En matière de gestion intégrée des risques naturels, « mieux vaut prévenir que guérir ». Grâce au Parc naturel des Baronnies provençales et à ses partenaires, une dynamique s’est mise en place permettant de mettre en partage entre institutions, collectivités et citoyens, une mémoire collective (documents, cartes, études…) nécessaire à la prévention.