Des Vautours et des humains

Samedi 13 mai aura lieu la Fête des vautours à Villeperdrix. Cet évènement grand public est l’occasion rêvée d’observer les vautours sous le compagnonnage des professionnels. Pour les familles, c’est aussi un évènement festif et pédagogique qui permet aux enfants comme aux adultes de découvrir les espèces présentes en Baronnies provençales en se laissant porter par la voix des conteurs, ou à travers des jeux et des ateliers. Le rendez-vous est pris, mais avant cette journée de partage des richesses naturelles du Parc, les professionnels vont vivre un moment rare et intense, inaccessible au grand public : la réintroduction de deux Gypaètes barbus.

Un peu d’histoire avant les histoires

Les Baronnies provençales ont longtemps été un territoire investi par les vautours. Pourtant, au XIXème siècle ces oiseaux ont disparu du paysage. Une disparition qui s’explique par la méconnaissance que les hommes avaient de l’utilité des vautours dans la nature. De par leur allure menaçante, leur manière bien à eux de se partager les carcasses des bêtes mortes, en groupe de 50 individus autour du festin collectif, sur les fermes ou ailleurs, scrutant les alentours de leur regard sombre ou orange, leur présence était vue d’un mauvais œil. Les actes de malveillance envers les vautours se sont multipliés et ils furent également les victimes collatérales de la peur du loup.  Les carcasses inertes des mammifères sauvages remplis d’appâts empoisonnés afin d’éliminer le loup sont devenues de la nourriture fatale pour les oiseaux, infectés à leur tour. Des Alpes au Pyrénées, la même extinction s’est jouée, et c’est à la fin du XXème siècle, grâce à la recherche scientifique, avec le temps et beaucoup de pédagogie, que les craintes humaines ont évolué. Le vautour a pu retrouver une place de choix sur un territoire où il se plaisait, et où il participe à réguler l’écosystème. Leurs ombres lentes au-dessus de nos têtes ne sont plus menaçantes. Les archives des Museums d’histoire naturelle et la littérature scientifique font part d’autant d’indices de leur présence dans l’histoire locale. Les feux de la réintroduction sont au vert, et depuis 1996 l’association Vautours en Baronnies travaille à sa réintroduction, uniquement dans des espaces ou sa présence était connue par le passé.

La première réintroduction en France eu lieu dans les Gorges de la Jonte en Lozère. Le succès de cette réintroduction a permis de se dire qu’elle pouvait également être positive en Baronnies provençales. L’association Vautours en Baronnies créée en 1993, a permis la première réintroduction de vautours fauves en 1996, après s’être assuré que la nourriture ne leur manquerait pas et que les freins qui ont causé la disparition de l’espèce n’existaient plus. L’association Vautours en Baronnies a su s’entourer d’un collectif solide pour permettre à l’espèce de retrouver son territoire : élus, naturalistes, agriculteurs, vétérinaires, chasseurs… la gouvernance et les points de vue partagés ont permis un consensus serein et pérenne pour tous les acteurs concernés par le retour des vautours. La présence dans le groupe de travail du vétérinaire Alain Boutonnet, connu de tous les éleveurs à l’époque et médiateur de la cause animale, également au service des acteurs clés du territoire, fut un levier d’acceptation essentiel en permettant un dialogue souple avec les habitants. C’est ainsi que les premiers vautours fauves, issus de centres d’élevages ou de parcs zoologiques d’Europe, sont relâchés dans les Baronnies provençales en 1996.

Evolution collective

A partir de 1996, Vautours en Baronnies s’intéresse aux autres espèces de vautours. On sait alors que le Vautour moine et le Gypaète barbu étaient aussi des espèces présentes dans le passé. Ces oiseaux sont complémentaires du vautour fauve. Autour d’une carcasse, pas d’histoires : le vautour fauve se délectera des tissus mous, alors que le vautour moine mangera les cartilages, la tête, les oreilles et la queue. Le Gypaète barbu se satisfera des os. Quant au Vautour percnoptère se contentera de grapiller ce que les autres auront laissées. Les règles sont claires, et chaque vautour est complémentaire. Ainsi aucune raison de ne pas accueillir d’autres espèces. Leur multiplicité est un atout pour l’écosystème, et sert également les pratiques de l’homme, en permettant un équarrissage naturel des animaux morts, limitant les maladies. En 2004, le vautour Moine est réintroduit et le Percnoptère revient naturellement dès la fin des années 90, attiré par la présence de ses congénères. La présence du massif du Vercors à proximité est également un atout. Navigant des Alpes aux Pyrénées, les vautours voyagent, et se reproduisent. La réintroduction en Baronnies permet ainsi un couloir supplémentaire qui favorise leurs déplacements d’un territoire à l’autre, en multipliant de fait les rencontres entre individus de différentes origines avec le temps.

Le 13 mai, lors de la fête des vautours à Villeperdrix, le Parc donnera une conférence avec Vautours en Baronnies, afin d’expliquer la réintroduction des espèces sur le territoire. Il sera également possible d’observer deux jeunes Gypaetes barbus âgés de trois mois, réintroduits au début du mois de mai. Ils prendront encore les marques de leur nouveau territoire, mais seront encore trop jeunes pour planer au-dessus de nos têtes. Depuis le 5 mai, les naturalistes se succèdent discrètement dans la cabane d’observation située au pied de la falaise, pour observer 500m plus haut les premiers battements d’ailes en vue du grand envol. Alors, un conseil, n’oubliez pas vos jumelles, et profitez de ce moment exceptionnel pour admirer le patrimoine naturel si caractéristique du Parc naturel régional des Baronnies provençales !

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