Si le confinement est un moment particulier pour les humains, on peut facilement imaginer qu’il l’est également pour la faune et la flore. Par cet enfermement des uns se révèle un espace de liberté pour les autres. A Saint-May et dans la vallée de l’Eygues, pas de confinement pour les vautours ! Là-haut, ça tournoie, ça plane, ça s’élève toutes plumes dehors, immobile, ça décroche pour atteindre le prochain courant d’air chaud et se laisse porter. Le mot liberté revêt ces jours-ci la musicalité d’un léger sifflement dans les ailes …
Alors que nous sommes en pleine période de nidification, les falaises de la vallée n’ont jamais été aussi calmes pour accueillir la naissance des petits vautours fauves ou vautours percnoptères. Et rassurons-nous, depuis le 17 mars, l’accès aux carcasses pour les charognards reste possible même si l’activité humaine est ralentie. En effet Vautours en Baronnies permet aux rapaces de se ravitailler sur les plateformes habituelles en participant à sa manière à la chaîne alimentaire grâce à un équarrissage à faible emprunte carbone (très peu de transport et pas d’incinération). L’association reste plus que jamais active en période de confinement du fait de son importance sanitaire.
Se nourrissant exclusivement de bêtes mortes, les vautours s’approvisionnent en majeure partie de manière naturelle et autonome et participent à l’élimination des carcasses des bêtes d’élevage sur les placettes en évitant aux sociétés d’équarrissage conventionnelles de mobiliser des transports lourds jusque dans le Jura ou l’Allier, là où elles se chargent de l’incinération et de la transformation. Sur ce terrain, le Parc naturel régional des Baronnies provençales encourage d’ailleurs des éleveurs à s’autonomiser davantage encore sur la question et soutient la création de placettes d’équarrissage sur les exploitations. Par cette pratique, les vautours sont stimulés sur la recherche de nourriture, le ravitaillement n’étant plus centralisé à un seul et même endroit. Par ailleurs, l’empreinte carbone d’une telle pratique est quasiment nulle, passant d’un équarrissage extra-départemental à une pratique ultra-locale. Un éleveur qui obtient l’autorisation auprès de la DDPP peut installer une placette sur son exploitation. Offrant les mêmes garanties qu’un équarrissage géré par l’homme (les services vétérinaires du département travaillent en collaboration étroite avec Vautours en Baronnies), les rapaces nécrophages se repaissent ici et là, de manière plus équilibrée, sur tout le territoire. Ils permettent de nettoyer nos montagnes et s’avèrent sans conteste une solution plus respectueuse de l’environnement.*
Si, à la lecture de cet article, il vous vient un désir soudain de liberté, et que le vent siffle dans vos ailes, il est bien sûr encouragé de s’émerveiller devant tant de beauté, mais depuis la maison ou le jardin… Restons humbles face à la nature, telles sont les recommandations certaines et optimistes à retenir de cette période exceptionnelle que nous subissons tous.