Quand on imagine le Parc naturel régional des Baronnies provençales à travers nos cinq sens, ce sont l’odorat, le goût et la vue qui sont instinctivement chatouillés. Qu’en est-il de l’ouïe
? Certes, les cigales rythment nos voyages sensoriels sur ce territoire, mais il y a aussi le patrimoine et l’histoire locale à transmettre. La pratique du conte peut permettre cela et c’est un outil que l’on manie bien dans nos contrées car c’est un moyen sûr de colporter les histoires d’une vallée l’autre. Mais un autre média, plus récent celui-là, qui concerne également la parole, permet des interactions passionnantes : la radio. Le Parc s’est emparé du sujet, pour en faire un média de passation tout terrain.
Au sein des Baronautes, ces animateurs et artistes qui interviennent lors d’ateliers pédagogiques auprès des enfants dans le Parc naturel régional des Baronnies provençales, cinq groupes de travail ont été constitués : contes, insectes et pollinisateurs, sortir, miam-miam et radio. La radio justement, elle qui nous donne la parole, parlons-en. D’abord outil d’écoute, la radio permet de fédérer de nombreux acteurs de toutes disciplines confondue. Pédagogues, artistes, conteurs, médiateurs… ils ont été formés dans le but de s’approprier les fondamentaux techniques, puis de transmettre le contenu tout en invitant à l’essentiel : le partage. Partage de mots, d’émotions, de sensations. La radio permet tout cela.
C’est ainsi que le Parc, avec le groupe – projet “radio”, a décidé d’aller plus loin avec le medium, et d’en faire un véritable outil d’interprétation. Accompagné par Emeric Priolon, musicien et créateur sonore installé aux Pilles, une nouvelle dimension a pu être envisagée. Ce bidouilleur, ingénieur, bricoleur a transformé de vieux postes radios récupérés par le groupe, pour les remettre au goût du jour, et en faire des diffuseurs d’histoires d’ici, simples d’utilisation. Créées à l’occasion des journées du patrimoine 2021, ces radios vintages venues tout droit des années 50 qui diffusent désormais une piste audio enregistrée sur une carte mémoire, ont séduit les passants de Venterol, redécouvrant leur village et l’histoire locale d’une nouvelle manière. Le témoignage d’André Maurent, un des doyens du village, enregistré et retravaillé en amont de l’évènement, a pu être mis en écoute dans différents lieux emblématiques du village. Sous le préau du lavoir, dans des cours ou dans la rue, c’est un parcours sensoriel et patrimonial accessible à tous et passionnant qui fut imaginé.
A présent disponibles pour accueillir tous types de contenus, les radios voyagent à travers le territoire du Parc, et à être utilisées sans modération pour transmettre des contenus créés suivant les aspirations. Le concept séduit, et cette installation a déjà passé les cols avec succès. De Laragne-Montéglin à Eygalayes en passant par Nyons, Mirabel-aux-Baronnies, Crest, Dieulefit, Ballon ou Valréas, elles ont permis de diffuser des témoignages historiques ou des contenus créés par les enfants des écoles ou par les habitants. En 2022, divers évènements ont permis de faire connaître cet outil au potentiel infini, grâce au bouche à oreille, qui, on s’en serait douté, a bien fonctionné. Du Printemps des poètes, aux 40 ans de Radio St Ferréol, ou lors de Concertina à Dieulefit, les occasions furent multiples et toujours pertinentes. Ce fut le cas aussi dans le parc de La Pousterle, un EHPAD de Nyons, où les 10 postes radio ont diffusé publiquement pendant le Printemps des poètes des créations enregistrées par les résidents avec le comédien Philippe Altier.
La radio garde une place à part parmi les médias, une place de choix. C’est un outil inclusif qui permet à chacun de trouver une place, en devenant tour à tour journaliste, interviewé, comédien, poète, technicien, ou simplement auditeur. Les canaux fédérateurs sont nombreux et la mobilité de ces radios vintages autonomes en énergie permet d’imaginer les destinations d’écoute les plus folles.
