Lutte biologique dans les oliviers, un combat pacifique

Havre de paix et de biodiversité, Arpavon est un village qui s’apprivoise avec le temps et la patience. Le terrain argilo-calcaire demande écoute et attention à qui veut la dompter. Gérard Téllène est de ces hommes qui savent prendre le temps d’observer et qui se refuse à maîtriser totalement la nature. Ainsi a-t-il pris le parti d’une démarche résiliente en gardant ses sols enherbés et en protégeant ses oliviers à l’argile. D’abord producteur de plantes aromatiques à Condorcet, il est maintenant oléiculteur et arboriculteur. Du haut de son terrain où il s’est installé il y a sept ans, il bénéficie d’une vue imprenable sur le petit village perché d’Arpavon et le Mont-Ventoux. Le lieu est un véritable réservoir de biodiversité, il connaît le luxe de bénéficier d’un ruisseau qui clapote toute l’année au pied de ses oliviers, et une mare accueille une faune riche. Plus il y a de vie sur ses terres, plus l’homme est heureux. Alors quand le Parc naturel régional des Baronnies provençales lui a proposé de faire partie d’un groupe d’expérimentation sur la pose de nichoirs pour mieux lutter biologiquement contre les ravageurs et notamment la mouche de l’olive, sa sensibilité a été piquée au vif, et tel un pionnier investi d’une mission, il a rejoint le groupe de travail.

Vers un essaimage des pratiques

Si la bio régulation requiert une certaine technique et du temps dont les producteurs ne disposent pas toujours, quatre producteurs consciencieux du parc ont pris le pari de se lancer dans une saine aventure. En février 2020, le parc naturel régional des Baronnies provençales avait organisé une journée de formation amorcée par une intervention de la Ligue de Protection des Oiseaux, et s’était achevée par la fabrication de nichoirs avec l’aide d’Agrinichoirs spécialisé en la matière (Agrinichoirs fabrique, installe et opère au suivi d’occupation grâce à un système de géolocalisation). Le Parc naturel régional des Baronnies provençales avait souhaité accompagner la démarche pour lancer l’essaimage, un premier réseau d’échanges qui avait permis une réflexion concertée et un travail d’équipe lors de la réalisation de 350 nichoirs. Gerard Téllène avait ainsi pu installer quelques 40 nichoirs à mésanges, et 40 abris à chauve-souris à la suite de cette journée. Encadrée par Agribiodrôme, la formation avait pour projet de transmettre les bonnes pratiques en mettant l’accent sur l’intérêt de la mise en place d’un agro-éco-système résilient. Une rencontre sera prochainement organisée, qui permettra de faire un bilan des observations et comptages effectués durant cette période et après un an d’observation. Le parc naturel régional des Baronnies provençales, qui souhaite aller à l’essentiel sur ces questions, a souhaité privilégier l’action à une nouvelle étude afin de gagner du temps, en s’inspirant de projets similaires menés sur d’autres territoires.

Quelques chiffres pour se repérer

En France, la population de volatiles dans les campagnes s’est réduite d’un tiers en 15 ans et une espèce d’oiseau sur huit serait menacée d’extinction. Depuis quelques mois, nos campagnes se font de plus en plus silencieuses, et ces constats ne laissent pas indifférents les agriculteurs et les associations de protection de la nature, d’autant que l’absence d’oiseaux et de chauves-souris permet aux déprédateurs de proliférer tranquillement.

Sur le Parc naturel régional des Baronnies provençales, la mouche de l’olive rend le fruit impropre à la transformation en olive de bouche, et donne de l’amertume à l’huile. Sur un territoire où l’or jaune est une fierté reconnue et labellisée, il fallait agir. Pour remédier à ce fléau les volatiles s’avèrent de véritables alliés qui évite le recours aux produits chimiques. Le groupe de producteurs a ainsi cherché à attirer deux auxiliaires : les mésanges et les chauves-souris. Les mésanges, capables de prospecter jusqu’à 1100 arbres par jour, passent 80% de leur temps à manger, et peuvent donner jusqu’à 10000 becquets par saison. Une colonie de murins (chauve-souris) peut quant à elle consommer jusqu’à une tonne d’insectes par saison. Favoriser le gîte de tels espèces s’avèrent un atout certain et peu onéreux pour lutter naturellement.

Ainsi, grâce à une lutte pacifiste, il est possible à Arpavon de se délecter d’une huile délicate sur fond de clapotis du ruisseau et de chants d’oiseaux. Luxe, calme et volupté en un lieu réunis.

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