L’abricot à l’heure du changement climatique

Au printemps dernier, les producteurs d’abricots des Baronnies provençales ont été touchés par un nouvel épisode de gel. Rencontre avec Yohann Truphémus, producteur sur la commune d’Eygaliers.

Il y a des regards qui en disent long : Yohann Truphémus a pu sauver  60 % de sa récolte d’abricots, 150 tonnes seront ramassés. L’oranger de Provence, variété emblématique des Baronnies, brille de ses éclats sous le soleil. « On a eu moins froid que d’autres vallées » explique l’agriculteur de 33 ans. Certains ont tout perdu, tous subissent depuis cinq ans des gels sévères. Yohann, producteur depuis trois générations à Eygaliers, a passé onze nuits blanches à installer 5000 bougies pour chauffer le verger, une entre chaque arbre, sur ses dix hectares d’abricotiers. Après les filets contre la grêle et l’aspersion sur les pêchers, pommiers et poiriers, il a massivement investi pour tenter de s’adapter à ce nouveau climat imprévisible. « Un travail de titan » comme il le dit lui-même face à un changement climatique « qui s’installe » explique Benoît Chauvin-Buthaud, ingénieur conseil spécialisé en arboriculture fruitière et oléiculture à la Chambre d’Agriculture de la Drôme.

La hausse de température provoque une avance de végétalisation qui fragilise encore plus ce fruit précoce qu’est l’abricot. « Cette gelée que nous appelons noire, une vague de froid qui descend directement du pôle Nord, pouvait survenir une fois tous les vingt ans » ajoute Benoît Chauvin-Buthaud, « c’est arrivée trois fois sur ces cinq dernières années ».

Les seuls outils dont disposent les producteurs sont pour l’instant chauffer le verger, renvoyer de l’air chaud du sol vers le ciel grâce à de l’éolien ou encore l’aspersion. D’autres pistes sont explorées par la Chambre d’Agriculture et l’école des Mines d’Alès, comme des chaufferettes à bio combustible, en utilisant la ressource locale, du bois en plaquette, et en valorisant « le noyau d’olive sorti du moulin, un très bon combustible » selon Benoît Chauvin-Buthaud. « Mais économiquement très contraignant ».

Même constat du côté de Thierry Tatoni, membre du Conseil Scientifique du Parc des Baronnies provençales. « Plus personne ne discute du constat du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sur le changement climatique. Chaque communauté s’organise pour tenter de trouver des solutions. Deux degrés d’augmentation de la température, cela veut dire quoi sur notre territoire ? L’olive, les vignes, les fruitiers sont impactés. Le Parc régional des Baronnies provençales est un acteur essentiel de la transition. Nous devons travailler tous ensemble  pour nous adapter » afin de pérenniser l’abricot des baronnies qui représente 10 % de la production Française.

Le prochain objectif de cette filière est l’obtention d’Indication Géographique protégée (IGP) afin de mieux valoriser cette production.

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