Depuis septembre 2021, l’association l’Ecole Buis’sonnière basée à Buis-Les-Baronnies, invite à aller sur les hauteurs, sentiers et pistes enherbés du Parc naturel régional des Baronnies provençales. Ils sont une poignée d’animateurs nature à avoir souhaité se regrouper pour sensibiliser enfants et adultes à l’environnement. Pour bien commencer leur projet, ils interviennent très régulièrement depuis la rentrée à l’école Félix Raymond de Mollans-sur-Ouvèze, où nous les avons rencontrés.
Ce vendredi matin, le froid piquant de l’hiver ne fera pas rebrousser chemin aux enfants de la classe d’Eglantine (grande section/CP), tout sourire quand ils découvrent devant la porte de l’école Céline, lunettes de soleil déjà bien en place sur le nez et sac sur le dos. Comme chaque mois, ils savent en la voyant qu’ils partent pour une nouvelle aventure, et qu’ils vont apprendre des tas de choses ou partager leurs savoirs et découvertes avec les copains ! Et tout cela se fera cheveux au vent.
Céline est ornithologue. Elle commence l’atelier en demandant aux enfants d’imiter le chant de leurs oiseaux favoris. Tels des rouges-queues en pleine migration, les enfants avancent et sifflent, sans même se rendre compte des distances parcourues. Marcher ! Le projet vise aussi à cela. C’est d’ailleurs une des premières demandes d’Eglantine, l’institutrice, lorsqu’elle a sollicité Céline pour ce projet : les enfants ne marchent pas ou péniblement, il faut donc leur donner goût à ce plaisir simple qui peut les mener au bout du monde s’ils le souhaitent ! Les mollanais disposent de paysages grandioses, et les balades peuvent commencer devant l’école ou la maison, il serait dommage de rester en intérieur par simple manque d’entraînement.
Le cortège chanteur fait une halte sur une placette du village. Céline installe ingénieusement avec trois bouts de ficelles plusieurs lignes de corde qu’elle va utiliser tel un tableau d’école. A coup de pinces à linge et de cartonnettes sur lesquelles sont dessinés et nommés insectes, oiseaux et mammifères, elle demandera aux enfants de définir ensemble ce qui fait la spécificité de l’oiseau. D’ailleurs, le savez-vous ? Un oiseau en est-il un parce qu’il a un bec ? Des griffes ? Des plumes ? Ou bien parce qu’il a des ailes ? A coup de contre-exemples bien choisis, les enfants comprennent que certains mammifères peuvent voler, que des insectes ont aussi des ailes, que le chat a des griffes, que l’ornithorynque a un bec… la poule est-elle un oiseau ? Les arguments vont bon train pour dire que oui, pendant que d’autres s’énerveraient presque à prouver que non ! Fin du premier atelier, les enfants aident volontiers Céline à regrouper son petit matériel, et poursuivent leur exploration pour se réunir plus loin, au bord de la rivière, sous le grand pont de Mollans-sur-ouvèze. Pour faire oublier les quelques mètres qui séparent la placette de la rivière, Céline demande aux enfants de compter les oiseaux. Certains n’en verront pas, faute d’attention sûrement, pendant que d’autres en auront vu des centaines… imaginaires ceux-là peut être !
Chacun s’installe confortablement sur un caillou de fortune et y va de sa plus belle plume pour définir l’anatomie des oiseaux, tout cela en chuchotant et en observant le printemps qui s’éveille doucement. Puis c’est la course aux graines, le moment de réveiller le corps autour de la question de l’alimentation. Céline confie aux enfants des pinces (à épiler ou de bricoleur) qui leurs permettront de comprendre que de la forme de leur bec dépend leur régime alimentaire ! Ludique et pédagogique, l’objectif est atteint. En déplaçant les noix et les graines, les enfants retiennent tout grâce aux gestes et à la logique, et pourront transmettre à leur familles leurs connaissances lors des prochaines balades…. qu’ils réclameront bien sûr !
De retour à l’école (et avant de se ruer à la cantine), les enfants feront une dictée à l’adulte, une méthode qu’Eglantine pratique volontiers pour permettre aux enfants (et à ceux qui ne savent pas encore écrire) de faire part de leurs connaissances et de construire leurs pensées sans la contrainte du stylo. L’institutrice revient elle-aussi fourmillant d’idées qu’elle pourra reproduire à loisirs. Le programme prévu par Céline permettra de repartir avec le guide du petit baroudeur bien rempli, à la fin de l’année et après les différents ateliers, les enfants pourront reconnaître des plantes en pleine nature, auront construit des nichoirs en vannerie sauvage, et sauront repérer la faune et la flore si sensible du Toulourenc et de l’Ouvèze, les rivières de Mollans-sur-Ouvèze.
L’atelier terminé, les enfants sont partis en courant à la cantine pour reprendre des forces après l’effort ! Quant aux enseignants, qui ne manquent pas de projets, ils évoquent déjà la prochaine séance avec Céline, alors qu’un projet Erasmus se concrétise et que l’école accueille des élèves portugais, italiens et crétois. Le fil rouge de la semaine sera celui de la cohabitation homme-loup, et tous iront à la rencontre d’éleveurs. Un beau programme, qui ne manque pas d’ambition, et qui révèlera au-delà de nos frontières tous les trésors dont le Parc recèle !