Attention, chantier ouvert au public !

En parcourant le Parc naturel régional des Baronnies provençales, on peut remarquer que nombre de sentiers et ouvrages divers font la part belle à la pierre sèche. Qu’il s’agisse de terrasses, de soutènements et de calades, de cabanes agricoles (jas, bories ou cabanons…) ce système traditionnel de construction utilisé par l’homme pour des raisons pratiques ou agricoles, fait l’objet de chantiers de restauration accessibles à tous, permettant une lecture partagée du paysage.

Nous sommes allés à la rencontre de Louis Cagin, un enfant du pays qui, dès son plus jeune âge, empilait les pierres les unes sur les autres dans le contexte d’une ruralité encore très traditionnelle de l’époque. Après un détour professionnel vers la capitale, il est revenu à la pierre sèche et c’est lui qui l’enseigne maintenant. Auteur de livres anthropologiques et didactiques*, le murailleur se veut très actif dans la région. Investi avec le Parc naturel régional des Baronnies provençales qu’il conseille, il étudie avec minutie les paysages du passé pour leur redonner vie dans le présent.  Une aubaine pour la mise en valeur de notre patrimoine ! Avec ses compagnons de travail Thomas Moron et Solveig Bjurström et Romain Cluzel, Louis Cagin anime de nombreux chantiers internationaux et participatifs. Sur le seul Parc naturel régional des Baronnies provençales, quelques 6 chantiers sont en cours ou prévus prochainement avec l’association Une Pierre sur l’Autre. Moydans, Serres, Saint Cyrice, Saint-Genis… les possibilités de partager un moment convivial tout en découvrant la technique sont régulièrement proposées. La collaboration avec les associations de patrimoine locales amène à un ensemble de projets toujours plus variés. A Salérans et Lachau, avec les associations Vie la joie et Tous à poêle, les trois structures invitent à la rencontre, dans un respect exigeant des lieux où elles interviennent, s’adonnant à la règle du micro-local.

Sur chacun des chantiers, seules les pierres déjà présentes sur place sont utilisées pour la restauration des ouvrages. Les murailleurs travaillant la pierre sèche ne feront appel à aucun liant de maçonnerie. Les pierres sont simplement posées les unes sur les autres, et c’est le vide entre elles, associé à u minutieux transfert des charges par leurs points de contact, qui assure la souplesse et la qualité de la construction, pouvant s’avérer tout aussi solide que le béton. Outre l’importance patrimoniale, les murs en pierre sèche révèlent leur atout écologique : ils accueillent une faune variée et favorisent la biodiversité. Les murs en pierre sèche sont un lieu de reproduction pour de nombreuses espèces, y compris végétales, dont les lichens qui sont une des formes de vie les plus anciennes sur terre.

Louis Cagin a travaillé sur un chantier « Une pierre sur l’autre » de mise en sécurité d’une cabane à Taulignan avec Romain, un salarié de l’association. Les deux murailleurs récoltent et localisent dans les appareillages qu’ils restaurent le moindre éclat de poterie, de pierre taillée ou façonnée par la main de l’homme qui sont autant d’indices sur les différents usages de ces abris. Fin observateur, Louis dévoile volontiers l’un de ses secrets : « J’ai des yeux au bout des doigts, c’est en touchant et en ressentant les contours des pierres, même celles que je ne vois pas, que je peux choisir celle qui viendra se poser harmonieusement et consolidera la construction ».

Si chacun peut prendre part aux chantiers participatifs qui sont régulièrement proposés dans le Parc, il arrive, comme à Saint-Genis, que des agents communaux viennent mettre la main à la pâte. Les villages deviennent ainsi plus autonomes sur l’entretien de leur patrimoine et le savoir se transmet aux baronniards qui deviennent de précieux acteurs de la préservation des paysages, un héritage précieux accessible à tous dans une logique d’auto-construction et un point essentiel dans le projet de Louis.

 

* Construire en pierre sèche, Editions Eyrolles, 2015, Louis Cagin, Laetitia Nicolas
Pierre Sèche, Théorie et pratique d’un système de construction traditionnel, Editions Eyrolles, 2017, Louis Cagin

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