« Une pierre après l’autre », une action originale en faveur de la reconnaissance de la pierre sèche

Depuis une trentaine d’années, la pierre sèche, et les patrimoines qui y sont attachés (murs de soutènements, calades, protections contre les inondations réalisées dans le cadre des RTM, etc.) a acquis une juste reconnaissance institutionnelle qui a notamment abouti à la création d’un Certificat de Capacité Professionnelle (CQP) « ouvrier qualifié de la pierre sèche ».

Cette reconnaissance est allée de pair avec le développement d’études et de monographies sur des sites et des constructions en pierre sèche, avec la structuration des professionnels de la pierre sèche au sein d’associations, avec la collecte et la transmission de savoir-faire. Nombre de ces projets ont associé les habitants, les élus dans le cadre de nombreux chantiers participatifs.

En Région SUD-Provence-Alpes-Côte d’Azur, la thématique de la pierre sèche a été justement valorisée grâce à l’action de collectivités lcoales (communes, Départements, Région, Parcs naturels régionaux) et des associations (Alpes de Lumière, APARE/CME). Cette action s’inscrit donc dans une longue tradition mais présente aussi quelques nouveautés intéressantes.

Un programme original de coopération entre trois partenaires

L’action « Une pierre après l’autre » est financée par l’Europe FEADER/LEADER, par le Région SUD et les partenaires du projet, dans le cadre des projets retenus par le GAL Sisteronais-Buëch.

Elle cherche à associer plusieurs dimensions :

  • patrimoniales car elle s’attache à la restauration et à la valorisation de sites patrimoniaux et paysagers remarquables,
  • sociales en s’appuyant sur des chantiers participatifs qui intègrent plusieurs types de « publics »,
  • économiques car il s’agit aussi de montrer la pertinence de la pierre sèche dans certains aménagements publics et parce que les chantiers sont situés le long d’itinéraires de randonnée (développement touristique).

En s’appuyant sur une fiche action qui proposait de favoriser les chantiers de jeunes et participatifs, trois structures se sont retrouvées :

  • Le Parc naturel régional des Baronnies provençales, comme chef de file, garant de la dimension territoriale du projet global et des projets locaux qui apporte également une compétence en matière de paysages, de patrimoines et d’histoire ;
  • L’Espace Randonnée des Pays du Buëch, relayé partir du 1er janvier 2019 par la Communauté de communes du Sisteronais-Buëch pour la gestion de la dimension touristique et « sentier » du projet ;
  • L’association « Villages des Jeunes-Solidarité Jeunesse » qui a en charge la mise en place concrète des chantiers participatifs et des chantiers de jeunes (recrutements d’encadrants techniques, organisation des chantiers de jeunes, etc.)

La communication est commune aux 3 structures, en fonction des compétences existantes. Le choix des sites est fait en commun en fonction des enjeux des communes et des enjeux territoriaux à une échelle plus vaste (contribuer à l’aménagement ou à la valorisation de sites susceptibles d’être reconnus au niveau départemental ou régional).

Neuf sites en 2019 et 2020

Au regard du budget dégagé, il a été proposé de travailler sur 9 sites ou chantiers au cours des deux années (2019 et 2020).

En 2019, à la suite d’un appel à envie auprès des communes, 4 sites ont été choisis :

  • L’entrée des gorges du Risou sur la commune de Garde-Colombe. Ce site est un des accès de la montagne de Saint-Genis, vaste synclinal perché, remarquable du point de vue des patrimoines naturels (site Natura 2000, réserve biologique dirigée autour d’une forêt de genévriers thurifères, vieille forêt de Revuaire, vieux village ruiné de la Montagne). Cette entrée, très minérale, a perdu peu à peu cette dimension du fait de la plantation de pins noirs. L’objectif du projet est de lui donner, de façon ponctuelle, à l’entrée du site des gorges, un caractère plus minéral grâce à la restauration de murs de soutènement de chemins en pierre sèche.
  • Le site du vieux village de Saint-Cyrice où se trouvent les vestiges de l’ancien village (incendié en 1944 par les troupes de la milice française et de la Gestapo allemande après avoir servi de refuge à des jeunes maquisards) et de l’église (inscrite au titre des monuments historiques) de Saint-Cyrice. L’enjeu des différents chantiers est de contribuer à la revalorisation des abords de l’église, afin d’améliorer la lisibilité du site et de rendre plus perceptible les derniers vestiges du vieux village. Il s’agit donc d’aménager l’entrée du village par la création d’un pierrier appareillé destiné à contenir une butte marneuse, de rouvrir l’accès par une des deux rues du village et de dégager la parvis de l’église, aménagé en calade. Ce site est par ailleurs situé le long d’un sentier de randonnée.
  • La cabane du Jas de Girard sur la commune de Salérans est un exemple d’abri temporaire, construit à la suite de l’aménagement et de l’épierrement de champs cultivés en altitude. Elle date peut-être du début du XIXe siècle et est installée sur une parcelle communale. Depuis 4 ans, cette cabane a été dégagée puis restaurée. En 2019, il s’agissait de conforter le projet en aménageant les abords de la cabane grâce à de la pierre sèche (bucher à créer, enclos de reconstruire, cheminement vers un point de vue à reprendre), en reprenant la couverture (en charpente bois) et en aménageant l’intérieur de la cabane (réalisation d’une calade à l’intérieur de la bâtisse). Cette restauration a également donné lieu au réaménagement et débroussaillage d’un nouveau sentier qui permet de découvrir la montagne de Chanteduc entre Salérans et Eourres.
  • Le vieux chemin de Nyons sur le territoire de la commune de Rosans permet de relier le village au site du plan d’eau. Il a été aménagé à partir du début du XVIIe siècle, mais depuis une cinquantaine d’années, il a été progressivement abandonné car les usages agricoles et ruraux ont évolué. Le projet cherchait à réhabiliter une centaine de mètres de murs de soutènement de ce chemin, situé à l’ouest du village et particulièrement visible depuis l’actuelle route départementale, ainsi que les abords d’une source dont les eaux traversaient le chemin et pouvaient causer des difficultés à son passage. Plusieurs brèches du mur de soutènement ont été reconstruites et une calade réalisée au droit de la source afin d’en améliorer le passage.

Un cinquième site a été exploré, celui des abords de la chapelle de Bonsecours qui domine la vieille ville de Serres, à l’occasion de la fête de la vieille ville au début du mois d’août. Un petit chantier participatif a été animé avec une dizaine d’habitants, curieux de découvrir la technique de la calade en pierre sèche.

Tous ces chantiers ont été encadrés par des ouvriers murailleurs expérimentés : Loys Ginou (Rosans, Serres), Solveig Bjurström (Salérans, Rosans, Saint-Genis) et Thomas Moron (Saint-Genis, Saint-Cyrice).

En octobre 2019, un nouvel « appel à envie » a été lancé auprès des communes pour mettre en place 5 chantiers au cours de l’année 2020. Les réponses sont attendues pour la mi-novembre. Une visite des sites se déroulera en décembre.

Croiser habitants, jeunes, passionnés du patrimoine et néophytes de la pierre sèche

Pour trois des sites choisis (Garde-Colombe, Saint-Cyrice et Rosans), plusieurs séries de chantiers ont été mis en place :

  • Des chantiers participatifs au printemps et à l’automne 2019 (pour des périodes de 2 à 3 jours, en semaine et en week-end), à raison d’une vingtaine de personnes en moyenne par session de chantier
  • Des chantiers internationaux de jeunes volontaires au cours de l’été 2019 (période de 15 jours pour chacun des chantiers), à raison d’une douzaine de jeunes par période de 15 jours

L’intervention à Serres (1 journée) s’est faite dans le cadre d’un chantier participatif.

On peut estimer le nombre de personnes qui ont participé de près ou de loin à ces chantiers à 300 personnes environ pour l’année 2019, dont une majorité issue du territoire du Parc et du Sisteronais-Buëch. On a pu observer des personnes qui ont pu participer à plusieurs chantiers. Les chantiers ont été ouverts à toutes catégories de personnes dans un contexte professionnel (personnels techniques des collectivités locales) ou amateur, afin qu’il puisse y avoir des échanges/rencontres entre plusieurs catégories de personnes.

L’origine des participants est difficile à percevoir de façon précise : on peut retrouver des professionnels qui souhaitent maîtriser la technique de la pierre sèche ou « donner un coup de main » également, des amateurs de patrimoines locaux (comme c’est le cas à Saint-Cyrice). Beaucoup ont envie d’acquérir les rudiments des techniques de la pierre sèche : ils ont déjà essayé de faire des murs mais ils veulent mieux connaître les savoir-faire.

Pour les jeunes étrangers, l‘attrait d’un chantier associé au souhait de découvrir différemment un pays et une région sont les motivations les plus répandues. Aussi, dans le cadre de ces chantiers, une attention particulière a également été apportée à la découverte de la région et au partage d’un certain nombre d’enjeux (patrimoines culturels et naturels, nuit et astronomie).

Sensibiliser aux nouveaux enjeux de la pierre sèche

La réhabilitation ou la revalorisation de sites patrimoniaux sont importantes. Toutefois, cet objectif ne constitue pas le seul objectif de l’action. En effet, un des objectifs de ce projet est de parvenir, en organisant sur un territoire relativement limité, à mieux faire percevoir les enjeux et l’intérêt de mettre en place des aménagements en pierre sèche, le long de sentiers mais aussi au cœur de certains bourgs. Il s’agit de susciter un intérêt susceptible d’entrainer une « économie » autour de la pierre sèche à l’aide de la commande publique.

La technique de la pierre sèche présente en effet des avantages certains du point de vue écologique :

  • elle valorise un ressource du territoire qui ne réclame pas (ou peu) de consommation d’énergie fossile,
  • elle modifie les paysages de manière légère en évitant les aménagements trop lourds,
  • elle constitue, par sa forme même, un élément qui contribue à conforter la biodiversité ;
  • les aménagements en pierre sèche peuvent aussi être une réponse à la problématique de l’artificialisation des sols (aménagements qui permet de retenir l’eau).

Ce projet est financé par :

  • l’Europe (FEADER / LEADER) pour 47 319,66 euros (48 %)
  • la Région SUD-Provence-Alpes-Côte d’Azur pour 31 546,44 euros (32%)
  • les trois structures partenaires pour 19716,54 euros (20%)
  • les communes où sont organisées les chantiers de jeunes prennent en charge une partie de l’hébergement et la location d’un mini bus (soir pour 15 jours environ, 2000 euros par commune).
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