Mettre en valeur le foncier agricole en déprise à travers une gestion concertée

Si elles couvrent aujourd’hui une large partie du territoire du Parc naturel régional des Baronnies provençales, les forêts y sont pour beaucoup récentes car issues de la déprise pastorale amorcée au cours du siècle dernier.

Dans ce contexte, des agriculteurs aux parcellaires parfois dispersés constatent l’enfrichement puis le reboisement spontané de terres agricoles à proximité de leurs sièges d’exploitations. D’autre part, la filière forêt-bois constate que des peuplements forestiers à potentiel sylvicole font l’objet de défrichements. Par ailleurs, la déprise pastorale a conduit, avec l’urbanisation diffuse, à augmenter les zones d’interfaces entre habitations et forêts, ce qui a accru le risque incendie sur le territoire, exacerbé par le dérèglement climatique.

Le Parc naturel régional des Baronnies provençales, la Chambre d’agriculture des Hautes-Alpes et le Centre régional de la propriété forestière de PACA (CNPF PACA) se sont ainsi associés pour réaliser une étude et une animation foncière sur deux sites pilotes de la partie haute-alpine du Parc en 2022 et 2023.

Ce projet a été financé Par l’Union européenne avec le concours du Fond européen agricole pour pour le développement rural (FEADER).

 

Ce projet visait à assurer davantage de cohérence dans la mise en œuvre d’actions de remise en pâturage. Il s’agissait ainsi de concourir à la reconquête d’espaces agricoles, à l’amélioration de l’organisation et de la structuration foncières et à la lutte contre le risque incendie.

Au regard d’études déjà réalisées et d’une analyse statistique et cartographique des contextes forestiers et agricoles de la partie haute-alpine du Parc, deux sites pilotes ont été sélectionnés pour cette étude : les versants nord de Ribeyret et L’Epine (sud de la D994) et Val Buëch-Méouge.

Des élus municipaux et les éleveurs de ces secteurs ont ensuite été sollicités afin d’identifier les besoins locaux en nouvelles terres à pâturer.

Les espaces recherchés dans le cadre de ces projets sont d’anciens espaces agricoles reboisés depuis moins de 40 ans, qui ne nécessitent pas d’autorisation et de compensation pour être défrichés, et des boisements plus âgés où des travaux sylvopastoraux pourraient être mis en œuvre dans une logique de remise en pâturage, de production sylvicole et de protection contre les incendies.

Ainsi, des diagnostics agricoles et forestiers ont été réalisés sur ces deux secteurs en lien avec les éleveurs ayant montré leur intérêt pour la démarche. A Ribeyret-L’Epine, ces diagnostics d’exploitations ont été complétés par l’étude de projet de zones de protection contre les incendies à caractère sylvopastoral.

Les communes de Ribeyret et de L’Epine sont majoritairement forestières avec respectivement 72% et 75% de leurs surfaces recouvertes par la forêt. Ces boisements sont principalement constitués de pins sylvestres et de pins noirs. La propriété des forêts de ces deux communes est majoritairement privée.

Au niveau agricole, les 2 communes accueillent 28 agriculteurs. L’orientation des exploitations est largement dominée par l’élevage ovin.

Sur ces 2 communes, 5 agriculteurs ont été rencontrés pour des diagnostics. Deux projets individuels ont été étudiés pour des travaux ou des coupes. Les autres agriculteurs ont été rencontrés dans le cadre de projets de coupures de combustible entretenues par pâturage. Ces derniers visent à créer ou mettre aux normes DFCI (Défense des forêts contre l’incendie) des pistes bordées de part et d’autre par une bande débroussaillée de sécurité (BDS) puis par une zone de coupe sylvopastorale dans le but de ralentir la propagation des feux.

La mise en œuvre de ces projets nécessite désormais leur appropriation par les acteurs locaux et de trouver des financements. Un accompagnement a d’ores-et-déjà été apporté par la Chambre d’agriculture et le CNPF à des éleveurs et propriétaires pour la réalisation d’interventions sylvopastorales.

La commune de Val Buëch Méouge est recouverte à 71 % par la forêt, ce qui la place largement au-dessus de la moyenne française (31%) et départementale (46%). Ces surfaces sont constituées à 56% de forêts privées et à 44% de forêts publiques.

Les types de peuplements sur la commune sont diversifiés. On y trouve essentiellement des chênaies. Avec la présence d’arbres têtards accueillant des espèces comme le Pique-prune (Osmoderma eremita), les chênaies de ces communes ont, pour certaines, d’important enjeux écologiques. Concernant les résineux, les peuplements sont majoritairement constitués de pins noirs et de pins laricio.

Les éleveurs de cette commune réalisent tout type de productions (bovins, ovins, caprins, équins). Au total, c’est 32% de la surface de la commune qui est utilisée par l’agriculture, avec plus de la moitié déclarée en parcours et pâturages permanents.

Sur cette commune, des projets ont été étudiés à l’échelle individuelle. 5 agriculteurs ont été rencontrés pour 9 projets de coupes ou de travaux forestiers.

Ces diagnostics ont permis d’identifier une zone reboisée spontanément depuis moins de 40 ans qui pourraient faire l’objet d’un défrichement pour répondre aux besoins d’un éleveur. D’autres zones où pourraient être réalisées des coupes, travaux et interventions sylvopastorales ont également été identifiées.

Un accompagnement a été apporté aux éleveurs concernés afin de les mettre en lien avec les propriétaires des parcelles qui pourraient être mises en valeur ainsi que pour trouver des financements, notamment en réalisant des coupes de bois par ailleurs. Cependant, plusieurs projets se heurtent à des blocages fonciers et à l’impossibilité d’autofinancer les travaux en réalisant des coupes sur d’autres peuplements.

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×