Depuis une trentaine d’années, la pierre sèche et les patrimoines qui y sont attachés (murs de soutènements, calades, protections contre les inondations réalisées dans le cadre des RTM, abris, etc.) ont acquis une juste reconnaissance institutionnelle qui a notamment abouti à la création d’un Certificat de Capacité Professionnelle (CQP) « ouvrier qualifié de la pierre sèche ».
Cette reconnaissance est allée de pair avec le développement d’études et de monographies sur des sites et des constructions en pierre sèche, avec la structuration des professionnels de la pierre sèche au sein d’associations, avec la collecte et la transmission de savoir-faire. Nombre de ces projets ont associé les habitants, les professionnels et les élus dans le cadre de nombreux chantiers participatifs.
En Région SUD-Provence-Alpes-Côte d’Azur, la thématique de la pierre sèche a été justement valorisée grâce à l’action de collectivités locales (communes, Départements, Région, Parcs naturels régionaux) et des associations (Alpes de Lumière, APARE/CME). Cette action s’inscrit donc dans une longue tradition mais présente aussi quelques nouveautés intéressantes.
Un programme original de coopération entre plusieurs partenaires du territoire
Entre 2018 et 2023, deux projets, intitulés « Une pierre après l’autre » (2019-2020) et « La pierre sèche au service des bourgs et villages des Baronnies provençales » (2021-2023) ont été financés par l’Union Européenne (Fond FEADER), par la Région SUD et les partenaires du projet, dans le cadre du programme LEADER développé par le GAL Sisteronais-Buëch.
Ces opérations ont cherché à associer plusieurs dimensions :
- patrimoniale car elles s’attachent à la restauration et à la valorisation de sites patrimoniaux et paysagers remarquables,
- sociales en s’appuyant sur des chantiers participatifs qui intègrent des gens de tous horizons,
- éducative en travaillant avec une Maison Familiale et Rurale située à Ventavon,
- économique car il s’agissait de montrer la pertinence de la pierre sèche dans certains aménagements publics. Les chantiers étaient situés le long d’itinéraires de randonnée ou au sein des villages. Ils ont permis de donner une nouvelle visibilité à ces patrimoines.
Avec l’objectif de sensibiliser les habitants et les collectivités territoriales sur la technique de maçonnerie en pierre sèche et de valoriser les patrimoines en pierre sèche du territoire, trois structures se sont retrouvées pour monter un programme d’actions :
- Le Parc naturel régional des Baronnies provençales, comme chef de file, garant de la dimension territoriale du projet global et des projets locaux qui apporte également une compétence en matière de paysages, de patrimoines et d’histoire ;
- L’association « Les Villages des Jeunes – Solidarités Jeunesses » qui a en charge l’organisation et la coordination des chantiers participatifs et des chantiers de jeunes (recrutements d’encadrants techniques, organisation des chantiers de jeunes, etc.) pour la restauration de patrimoines en pierre sèche.
- L’Espace Randonnée des Pays du Buëch, relayé partir du 1er janvier 2019 par la Communauté de Communes du Sisteronais-Buëch pour la gestion de la dimension touristique et « sentier » du projet. Ce troisième partenaire n’a été associé qu’au premier projet, entre 2018 et 2020.
Huit projets communaux le long des sentiers de randonnées sur une dizaine de sites en 2019 et 2020
Au regard du budget dégagé, il a été proposé de travailler sur 10 sites ou chantiers au cours des deux années de réalisation de l’opération. Le diagnostic de chacun des sites de chantier tant du point de vue des enjeux du patrimoine que des modalités de travaux de restauration à réaliser a été confié à un prestataire, l’association de murailleurs professionnels « Une pierre sur l’autre ».
Le choix des communes s’est fait par le biais d’un appel à envie envoyé aux communes situées sur le territoire commun au Parc et à la Communauté de Communes. Les sites retenus pour la réalisation des chantiers sont les suivants :
- L’entrée des gorges du Riou sur la commune de Garde-Colombe. Ce site est un des accès de la montagne de Saint-Genis, vaste synclinal perché, remarquable du point de vue des patrimoines naturels (site Natura 2000, réserve biologique dirigée autour d’une forêt de genévriers thurifères, vieille forêt de Revuaire, village ruiné de la Montagne). Cette entrée, très minérale, a perdu peu à peu cette dimension du fait de la plantation de pins noirs. L’objectif du projet est de restaurer les murs de soutènement en pierre sèche des sentiers sillonnant l’entrée occidentale de cette montagne et de créer des marches en pierre sèche pour améliorer l’ascension des marcheurs.
- Le site de Saint-Cyrice où se trouvent les vestiges de l’ancien village (incendié en 1944 par les troupes de la milice française et de la Gestapo allemande après avoir servi de refuge à des jeunes maquisards) et de l’église de Saint-Cyrice (inscrite au titre des monuments historiques). Ce site est valorisé par l’association « A la Belle Etoile », partenaire précieux dans le déroulement de cette opération. L’enjeu des différents chantiers est de contribuer à la revalorisation des abords de l’église, afin d’améliorer la lisibilité du site et de rendre plus perceptible les derniers vestiges du vieux village. Il s’agit d’aménager l’entrée du village par la création d’un pierrier appareillé destiné à contenir une butte marneuse, de rouvrir l’accès à l’église par l’ancienne rue du village et de dégager le parvis de l’église, aménagé en calade. Ce site est par ailleurs situé le long d’un sentier de randonnée.
- La cabane du Jas de Girard sur la commune de Salérans est un exemple d’abri temporaire, construit à la suite de l’aménagement et de l’épierrement de champs cultivés en altitude. Elle date vraisemblablement du début du XIXe siècle et est installée sur une parcelle communale. Depuis 4 ans, cette cabane a été dégagée puis restaurée par l’association « Tous à Poêle », d’Eourres. Les travaux se sont attachés à conforter le projet de restauration en aménageant les abords de la cabane par la restauration ou la création d’ouvrages en pierre sèche : bûcher à créer, enclos à reconstruire, cheminement vers un point de vue à reprendre, création d’une calade à l’intérieur de la cabane, en reprenant la couverture (en charpente bois). Cette restauration a également donné lieu au réaménagement et débroussaillage d’un nouveau sentier qui permet de découvrir la montagne de Chanteduc entre Salérans et Eourres.
- Le vieux chemin de Nyons sur la commune de Rosans permet de relier le village au plan d’eau. Cet itinéraire a été aménagé à partir du début du XVIIe siècle, mais depuis une cinquantaine d’années, il a été progressivement abandonné car les usages agricoles et ruraux ont évolué. Les chantiers ont eu pour objectif de réhabiliter une centaine de mètres de murs de soutènement de ce chemin, situé à l’ouest du village et particulièrement visible depuis l’actuelle route départementale, ainsi que les abords d’une source dont les eaux traversaient le chemin et causaient des difficultés à son passage. Plusieurs brèches du mur de soutènement ont été reconstruites et une calade a été réalisée au droit de la source afin d’en améliorer le passage.
- La petite ville de Serres est implantée le long du Buëch et adossée à un rocher. Depuis le XIe siècle, elle contrôle un axe de circulation important entre les Alpes et la Provence. Grâce à sa situation géographique privilégiée, Serres s’est développée tout au long du Moyen Age. Au XVIe siècle, elle connaît de nombreux passages de troupes liés aux guerres d’Italie et devient à partir des années 1570, un des bastions protestants du Dauphiné. De cette époque datent plusieurs hôtels particuliers ou maisons patriciennes qui font encore la renommée de Serres. Au XIXe siècle, la ville sort de ces murailles, à la faveur notamment de la réorganisation de la route Sisteron-Grenoble et de la création d’une ligne de chemin de fer. Le site de la chapelle Notre-Dame de Bon Secours domine la vieille ville aux allures médiévales. Le chemin des Moines, qui passe à proximité, est pavé en pierre sèche et poursuit son parcours vers différents points du coteau. Sur ce site, les différents chantiers ont permis de reprendre entièrement une brèche importante du mur de soutènement du sentier des Moines, de réaliser une calade sur le parvis de la chapelle et de créer des marches pour faciliter l’accès à cette esplanade. L’association « Les amis du Vieux Serres » a réservé un très bel accueil aux chantiers.
- Le village de Moydans est situé au cœur des moyennes montagnes des Baronnies. Les terres autrefois cultivées sont aujourd’hui en friche mais les sentiers visibles dans le paysage offrent une vue magnifique sur le paysage agricole et les montagnes alentours. C’est le long d’un des chemins situés en contrebas du village et qui reliait le village à une ancienne chapelle dédiée à Notre-Dame puis à Rosans que les chantiers ont lieu. Ils ont pour objectif de restaurer les brèches d’un long mur de soutènement de ce sentier.
- Le bourg de Ribiers est un des plus importants de la basse vallée du Buëch. Il bénéficie d’un vaste terroir plat, richement pourvu en sources et qui, grâce à l’aménagement du Buëch, à partir de la fin du XVIIIe siècle, a pu se consacrer à la vigne et, plus récemment, à l’arboriculture. Les derniers seigneurs de Mévouillon y avaient construit, au début du XVe siècle, un important château dont il reste des vestiges imposants. A partir du XVIe siècle, le village s’étend au nord autour d’une place de marché et d’une nouvelle église. Plus au nord encore, le village s’est étendu à partir du XIXe siècle sur des terres agricoles. C’est dans ce quartier, aux abords d’une aire dédiée aux loisirs, que le chantier s’est déroulé : il s’agissait de remonter le mur de soutènement d’un ancien verger, réalisé en galets roulés du glacier durancien.
- La commune de Lachau était, au Moyen Age, une des seigneuries les plus importantes des Baronnies, comme en témoignent plusieurs édifices ecclésiastiques, à commencer par un prieuré rattaché à l’abbaye de Cluny et une commanderie de Templiers, récupérée par les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem au XIVe siècle. On y trouve une des grandes églises des Baronnies provençales, Notre-Dame de Calma et une tour du XIIIe siècle, la tour de Riable, juchée à plus de 1200 mètres d’altitude, dernier vestige de la seigneurie de Ballon lo tron et récemment restaurée par l’association « Le Luminaïre ». Facez à cette tour, dans le quartier de l’Adret, le long d’un ancien chemin, aujourd’hui dévolu à la randonnée et qui menait à la montagne de Deffens, les chantiers participatifs sont destinés à créer des éléments de balisage et à y inclure des éléments en pierre sèche (type land art), des créations de marches ou encore des bancs de repos.
Tous ces chantiers sont encadrés par des ouvriers murailleurs expérimentés : Loys GINOUL, Solveig BJURSTROM, Thomas MORON et Igor CARRAU.
Neuf communes concernées par la restauration et la valorisation de leurs patrimoines villageois (2021-2023)
A l’instar de ce qui s’était passé au cours des deux années d’expérimentation (2019 et 2020), les communes du territoire concerné par le projet ont été sollicitées dans le cadre d’un appel à envie qui leur a été adressé au cours de l’été 2021 et 2022. Un certain nombre d’entre elles ont fait part de leur intérêt et à la suite de leur retour, deux visites de terrain ont été organisées sur place à l’automne 2021 et 2022 pour la préparation des chantiers des deux années suivantes.
Les chantiers suivants ont été accompagnés dans le cadre de ce projet :
- à Serres, dans le cadre de chantiers internationaux, de chantiers participatifs et d’une chantier avec la MFR de Ventavon, plusieurs secteurs de la vieille ville, classée en site patrimonial remarquable, ont été concernés : une calade a été refaite le long de la « Corniche des Marseillais », les accès (escaliers) à la chapelle Notre-Dame de Bon Secours qui domine le village, ainsi que la calade de l’esplanade située à l’avant de celle-ci ont été repris ou créés, plusieurs murs de soutènement le long d’anciennes ruelles du village ont été réhabilités dans le quartier de La Coste. Tous ces ouvrages permettent de rendre plus sûrs les déplacements piétons dans cette portion du vieux village.
- à Saint-Cyrice (commune d’Etoile-Saint-Cyrice), un chantier international en 2022 a permis de terminer le chantier de réouverture d’une ancienne rue de ce village ruiné, rue qui conduit désormais au parvis situé au devant de l’église du village, inscrite au titre des Monuments historiques. Un ancien accès a été définitivement condamné par la réalisation d’un nouveau mur de soutènement. Une partie de l’ancienne calade de cette rue a été retrouvée et restaurée.
- à Moydans, quatre chantiers participatifs ont permis de mieux mettre en valeur un chemin qui contourne le village et la mairie par le nord et l’ouest. Les murs de soutènement de ce chemin, qui bordaient par ailleurs un cours d’eau intermittent, ont été repris. Au-dessus, un ancien mur de soutènement de ce chemin, aux abords d’une ancienne source, a également été reconstruit, conférant une nouvelle visibilité à ce sentier.
- à Lachau, dans le cadre de trois chantiers participatifs, une partie du mur de soutènement du chemin du Rousset qui contourne le village par l’ouest a été restaurée, marquant ainsi de façon plus visible l’entrée de ce chemin qui servait aussi pour conduire un ancien canal d’irrigation.
- à Rosans, au cœur du le vieux village, au pied du donjon médiéval (inscrit monument historique) et dans la rue du Barry, un ancien escalier en pierre sèche et une ancienne calade, auparavant masqués par du bitume, ont été remis au jour et certaines portions manquantes ont été reprises. Ce chantier participatif doit permettre d’engager une réflexion plus globale sur la place de la pierre sèche dans ce village, notamment dans le cadre de la future réfection des réseaux d’eau et d’assainissement. A la suite de ce programme, la commune de Rosans a également bénéficié d’une aide de la Région SUD, pour la mise en place d’une chantier professionnel destiné à restaurer l’ancienne calade de la « rue du Tunnel » qui correspond à un ancien chemin de ronde, couvert ensuite par les maisons voisines.
- à Upaix, l’ancienne fontaine-lavoir de « Chat ô russe » a bénéficié d’une intervention de jeunes en formation au sein de la Maison Familiale et Rurale de Ventavon. A l’occasion d’un chantier de 5 jours, ils ont repris l’ancien mur de soutènement occidental de la fontaine, en partie disparu ou effondré. Des préconisations ont été données pour la restauration de l’autre partie de la fontaine, afin de remplacer un mur en béton et un enrochement réalisés dans les années 1980 par un mur en pierre sèche.
- A Ventavon, sur le site de la Maison Familiale et Rurale de Ventavon, deux chantiers de jeunes scolarisés au sein de la MFR et non loin du village ont permis la réalisation d’un « mur vivant » en pierre sèche, destiné à accueillir plantes, insectes, reptiles et micro mammifères et d’être ainsi un lieu d’observation de la biodiversité à proximité de ce lieu d’éducation.
- A Orpierre, deux chantiers participatifs de deux et trois semaines ont permis de restaurer des ouvrages en pierre sèche (escaliers, murs de soutènements) le long d’anciennes rues ou ruelles dans le quartier de la Traverse qui domine le vieux village d’Orpierre. Ces ruelles sont désormais plus faciles d’accès et plus sûres pour le piéton. Elles permettent de relier le haut et le bas du village.
- A l’Epine, une chantiers international et un chantier participatif ont permis au cours de l’été 2022 de retrouver une série d’anciennes ruelles situées aux environs de l’église du village. Dégagées, elles ont été parfois restaurées, ainsi que les murs de soutènement situés de part et d’autres de celles-ci. Un nouvel accès a également été ouvert grâce à la création d’un escalier qui relie désormais deux parties, haute et basse, de ces anciennes ruelles.
D’autres communes ont été visitées, mais les secteurs proposés n’étaient pas adaptés aux exigences d’un chantier international ou d’un chantier participatif. Pour certaines d’entre elles, il a été proposé de les accompagner pour le financement de chantiers à destination de professionnels (Rosans, Valdoule, Montfroc).
Permettre le rencontre entre habitants, jeunes, passionnés du patrimoine et néophytes de la pierre sèche
Selon l’ampleur des travaux de restauration et le souhait des communes, deux types de chantiers ont été organisés :
- Des chantiers participatifs s’adressant à tous les habitants du territoire, mais aussi à des personnes extérieures, sur une durée de 2 à 3 jours. Les chantiers sont ouverts à toutes catégories de personnes dans un contexte professionnel (personnels techniques des collectivités locales) ou amateur, afin qu’il puisse y avoir des échanges/rencontres entre plusieurs catégories de personnes. Sur chaque session, une qdouzaine de personnes en moyenne sont venues s’initier à cette technique de construction. Près d’une trentaine de chantiers ont été organisés sur les 4 ans.
- Des chantiers internationaux de bénévoles destinés aux jeunes du monde entier souhaitant découvrir une région, un territoire tout en s’initiant à des techniques de maçonnerie traditionnelle, dans une ambiance interculturelle. Sur chaque session, une douzaine de jeunes sont venus participer aux chantiers (14 sessions de 2 semaines à trois semaines sur les 4 années). Ces chantiers internationaux reçoivent un bel accueil des élus communaux et des associations locales qui proposent généralement l’organisation de visites de patrimoines ou de moments festifs avec les jeunes.
- des chantiers de sensibilisation de jeunes scolarisés entre la 4e et des formations post-bac au sein de la Maison Familiale et Rurale de Ventavon en 2022 et 2023. Ces sessions de 5 jours ont permis à ces jeunes de découvrir cette technique et de se familiariser avec différents types de patrimoines dans les communes de Serres, Upaix et Ventavon.
Le nombre de personnes ayant participé de près ou de loin à ces chantiers s’élève à 450 sur la totalité des deux projets, dont une majorité issue du territoire du Parc et du Sisteronais-Buëch.
Pour les chantiers participatifs, certaines personnes ont participé à plusieurs chantiers. On peut retrouver des professionnels qui souhaitent maîtriser la technique de la pierre sèche ou « donner un coup de main », des amateurs de patrimoines locaux (comme c’est le cas à Saint-Cyrice). Beaucoup ont envie d’acquérir les rudiments des techniques de la pierre sèche : ils ont déjà essayé de faire des murs mais ils veulent mieux connaître les savoir-faire.
Pour les jeunes étrangers, l‘attrait d’un chantier associé au souhait de découvrir différemment un pays et une région sont les motivations les plus répandues. Aussi, dans le cadre de ces chantiers, une attention particulière a également été apportée à la découverte de la région et au partage d’un certain nombre d’enjeux (patrimoines culturels et naturels, nuit et astronomie).
La pierre sèche, une technique et un matériau d’avenir
La réhabilitation ou la revalorisation de sites patrimoniaux sont importantes. Toutefois, cet objectif ne constitue pas le seul objectif de l’action. En effet, ce projet cherche, en organisant sur un territoire relativement limité, à mieux faire percevoir les enjeux et l’intérêt de mettre en place des aménagements en pierre sèche, le long de sentiers mais aussi au cœur de certains bourgs. Il s’agit de susciter un intérêt susceptible d’entrainer une « économie » autour de la pierre sèche à l’aide de la commande publique.
La technique de la pierre sèche présente en effet des avantages certains du point de vue écologique :
- elle valorise un ressource du territoire qui ne réclame pas (ou peu) de consommation d’énergie fossile,
- elle modifie les paysages de manière légère en évitant les aménagements trop lourds,
- elle constitue, par sa forme même, un élément qui contribue à conforter la biodiversité ;
- les aménagements en pierre sèche peuvent aussi être une réponse à la problématique de l’artificialisation des sols (aménagements qui permet de retenir l’eau).
C’est pourquoi, à l’issue du second projet, à partir de 2023, le Parc naturel régional des Baronnies provençales a accompagné les communes qui le souhaitait pour la restauration ou de réalisation de nouveaux ouvrages en pierre sèche. Pour cela, les communes de Rosans et de Valdoule ont obtenu une aide spécifique de la Région SUD, dans le cadre du contrat de Parc avec la Région. Cette aide a permis de rémunérer des artisans professionnels, contribuant ainsi à conforter cette filière professionnelle. D’autres communes pourront bénéficier de cet accompagnement dans le cadre de projets « pierre sèche ».
Ces projets ont été financés par :
- l’Europe (FEADER / LEADER) pour 47 319,66 euros (48 %) pour la période 2018-2020 et pour 46 939,43 euros (48%) pour la période 2021-2023
- la Région SUD-Provence-Alpes-Côte d’Azur pour 31 546,44 euros (32%) pour la période 2018-2020 et pour 30 506,75 euros pour la période 2012-2023
- les trois structures partenaires pour 19 716,54 euros (20%) pour la période 2018-2020 et pour 19 361,54 euros pour la période 2021-2023
- les communes où ont été organisés les chantiers de jeunes ont pris en charge une partie de l’hébergement et la location d’un mini bus (soir pour 15 jours environ, 2000 euros par commune).
D’autres actions dans la Drôme en faveur de la pierre sèche
L’intérêt pour la pierre sèche se manifeste aussi dans certaines communes de la Drôme. Ainsi, la commune de Châteauneuf-de-Bordette, avec le soutien du Département de la Drôme et du Parc naturel régional, organise depuis 2011, un ou deux chantiers annuels de découverte des techniques de la pierre sèche qui sont menés sur le site des Perdigons (classé en espace naturel sensible). Il s’agit notamment de restaurer et d’entretenir des murs de plus de trois mètres d’élévation, située aux alentours d’une vielle ferme ruinée. A deux reprises, des salariés en insertion au sein de l »association ANCRE ont aussi participé à la restauration de ce secteur en bénéficiant, à cette occasion, d’initiation spécifique aux techniques de la pierre sèche.
Grâce au soutien du Département de la Drôme (conservation départementale du patrimoine), deux communes des Baronnies ont pu organsier des chantiers participatifs pour restaurer leur patrimoine villageois : à Villeperdrix, deux chantiers participatifs ont permis de restaurer les abords de l’ancienne fontaine du village (en 2021 et 2022) grpace au la reprise de murs de soutènements, de calades et la réalisation d’un espace de pique nique. A Saint-May, un ancien mur de soutènement dans la partie médiévale du vieux village a été restauré à l’automne 2023.
A Barret-de-Lioure, où, à l’occasion d’une opération de l’inventaire général des patrimoines culturels l’importance des patrimoines en pierre sèche a été révélée par Alexeï Laurent, la restauration de toute ou partie de l’ancienne bergerie située sur la montagne de Jambard, propriété de l’Etat, est toujours envisagée afin qu’elle puisse servir d’abri aux randonneurs ou à d’éventuels bergers.
D’autres communes sont intéressées, comme à Mérindol-les-Oliviers, le long d’un ancien chemin d’accès au vieux village.