Le Vice-président expose :
A l’occasion du diagnostic territorial et de la charte du projet de Parc naturel régional des Baronnies Provençales, les paysages sont apparus comme un enjeu particulièrement important pour l’identité et l’attractivité du territoire. Aussi, le paysage figure-t-il explicitement comme enjeu transversal et se retrouve notamment dans les mesures suivantes :
? I-1-3 (préserver la qualité des espaces ordinaires) ;
? I-2-1 (expérimenter et innover pour conserver la lavande et les autres marqueurs territoriaux d’un paysage de senteurs et de saveurs) ;
? I-4-2 (renouveler l’approche des patrimoines paysagers caractéristiques des baronnies provençales) ;
? II-2 (développer et promouvoir un tourisme durable qui s’inscrit dans le paysage et l’art de vivre le territoire) ;
? III-4-2 (aménager en ménageant le territoire dans le respect des patrimoines, du caractère et des potentialités du paysage).
Les actions envisagées visent à faire des habitants, à commencer par les élus des communes et des communautés de communes, des acteurs de ces actions, tant le paysage est le résultat d’actions multiples de ces derniers et ne peut pas être envisagé comme un domaine d’intervention spécifique d’une collectivité ou d’un seul acteur.
Dans le cadre de la charte, les actions culturelles menées ou soutenues par le futur Parc naturel régional visent à faciliter une meilleure répartition de l’accès la culture pour les habitants sur l’ensemble du territoire et de l’année (mesure III-3-1). Par ailleurs, les jeunes constituent le public prioritaire de ces actions culturelles (mesure III-3-3).
Afin de rendre plus prégnant la question du paysage en direction de publics divers, le Vice-président propose de mener en 2014 et 2015 deux séries d’actions sur cette thématique.
1) La publication d’un premier cahier technique de recommandations architecturales et paysagères
Il n’existe pas, actuellement, de cahier(s) de recommandations architecturales et paysagères sur le territoire du futur Parc naturel régional des Baronnies Provençales, la seule publication concernant le territoire étant épuisée (elle fut publiée par le CAUE de la Drôme, avec le soutien du Syndicat d’Aménagement des Baronnies en 1980). Or, à plusieurs reprises, lors d’actions ou d’événements menés dans le cadre des missions paysage ou patrimoine, des demandes ont été formulées par des élus ou des habitants de disposer de supports de conseil technique, rédigés par ou sous la direction du futur Parc, et précisant des principes et formes d’aménagements respectant le caractère local et de l’environnement.
Il ne s’agira pas d’y énoncer des généralités de principe relevant de la sensibilisation, mais d’y exposer des formes et procédés techniques précis, pouvant servir concrètement au lecteur, afin de l’aider, par exemple, à la rédaction de cahiers des charges pour des aménagements futurs (privés ou publics). En outre, un tel document, mis à disposition de l’ensemble des communes du territoire, constituera un élément de visibilité supplémentaire de l’apport technique du futur Parc, ainsi qu’un aperçu et une invitation à ceux qui souhaiteraient être accompagnés de manière plus suivie par le SMBP dans le cadre de leurs projets.
Il est donc proposé de financer la réalisation et l’envoi d’un premier cahier technique thématique, à dimension expérimentale, aux élus du territoire du projet de Pnr et qui pourrait avoir vocation à être repris dans une collection spécifique sur les paysages des Baronnies Provençales.
La conception (dessins, textes, graphisme) sera réalisée par les chargés de mission du futur Parc naturel régional et les frais recouvrent donc des dépenses d’impression (document au rendu soigné, illustré, de quinze à vingt pages) et d’envoi d’un premier cahier.
La réalisation de ce cahier technique pourrait bénéficier d’un aide du Conseil général de la Drôme.
2) La création d’une résidence d’artiste destinée à faire des habitants des acteurs du paysage des Baronnies Provençales
L’action vise à proposer une rencontre entre des habitants et des artistes photographes, autour de la question de la photographie de paysage. Cette action vise à croiser l’action culturelle avec les missions de sensibilisation à la préservation du paysage et des patrimoines et d’éducation à l’environnement.
Pour cela, il est proposé d’utiliser un procédé photographique ancien, la technique du sténopé. Le sténopé correspond à une photographie sans objectif, en pose directe du papier photo dans une chambre noire (qui peut être n’importe quelle boîte ou volume percé d’un trou). Ce procédé est très simple, ludique. Il désacralise l’aspect parfois trop technique, élitiste ou « esthète » de la photographie. Il relève du bricolage ingénieux (bien qu’encadré par un artiste qui sera aussi un technicien) et reste donc abordable par tous les publics (enfants, non-initiés). Enfin, cette technique, qui joue sur le temps de pose, est en décalage avec la photographie numérique, immédiatement prise, immédiatement montrée et immédiatement oubliée.
Il s’agira de ne pas se cantonner à « montrer » nos patrimoines sous la forme de « belles » images de communication, extérieures et objectivantes, mais à produire des images du paysage depuis des éléments du paysage lui-même qui fonctionneront, au prix de quelques aménagements, comme des boites noires. N’importe quel objet, manufacturé ou naturel, peut, moyennant de petites modifications, servir de chambre noire, mais aussi, en grand format, n’importe quel bâtiment, monument, élément naturel creux, peut se transformer en appareil photographique géant pour réaliser une image du paysage où il se trouve, auquel il fait face. La réalisation de photos au sténopé peut être faite de jour comme de nuit, et permettra aussi de valoriser la dimension nocturne des paysages.
Le choix de ces sites et l’aménagement de ces » boites noires » sera réalisé avec les habitants sous la conduite d’artistes photographes Un travail préparatoire permettra d’aborder les enjeux du paysage dans un territoire donné et à repérer les éléments du paysage, susceptibles à servir de support pour la photographie. L’enjeu est donc bien de créer une émulation collective des participants : une attention particulière sera accordée au travail d’animation en amont, destiné à collecter les objets pouvant servir à l’atelier, ou à repérer au plus près les lieux propices des éléments paysagers ou des sites remarquables. Les objets ou lieux présentant le plus d’intérêt sont ceux « cristallisant » déjà par eux-mêmes la culture locale (boîtes anciennes, outils agricoles) ou le cadre historique (ruines de château, arbre remarquable – creux, chapelle de campagne, site géologique remarquable). Se servir de ces objets ou édifices pour la photographie et comme appareils photographiques temporaires, en faire des « yeux » sur le paysage, permettra ensuite de rendre visible ce lien des patrimoines au site où ils prennent place. A la suite de ce travail de repérage, il y aura un travail d’installation du dispositif et de transformation du lieu, puis un travail de développement. Le temps de pause, relativement long (plusieurs heures), pour que le paysage photographié imprègne la photo, est l’occasion d’échanger entre participants et accompagnateurs, par exemple sur l’histoire du site ou le thème dominant du lieu.
L’action se déroulera en plusieurs temps au cours de 2014 et 2015 :
? Repérage des communes et des structures (associations locales, centres sociaux, etc.), intéressées pour participer à une action autour du paysage et de la photographie. Cinq lieux/communes répartis sur l’ensemble du territoire du projet de Pnr seront choisies (printemps 2014)
? Dans chacun de ces lieux, organisation de balades thématiques autour de la question des paysages et des patrimoines afin de construire avec les habitants un rapport différent aux paysages et repérer les ressources du paysage pour le sténopé. Ces balades seront animées par les chargés de mission du SMBP et les photographes (printemps/été 2014).
? Après avoir choisi les lieux, et en fonction des enjeux, les habitants et les photographes réaliseront les boites noires destinées à produire les sténopés (été-automne/hiver 2014).
? Un reprise des ces images dans le cadre d’une exposition itinérante permettra de rendre compte de cette expérience (début 2015).
Les photographes qui interviendront seront des spécialistes de cette technique qui, si elle est simple, requiert une maîtrise parfaite de ses conditions de réalisation.
Cette action pourrait bénéficier de financements du conseil général de la Drôme et de la Région Rhône-Alpes (dispositif FIACRE, volet médiation culturelle).
Le plan de financement prévisionnel de l’ensemble de l’action est le suivant :
DEPENSES RECETTES
? Réalisation et envoi d’un cahier technique de recommandations architecturales et paysagères
2 000 ? ? Conseil général de la Drôme
? Autofinancement SMBP
1 600 ?
400 ?
? Intervention de photographes (10 journées, 500 euros par jour)
? Matériel destiné à la réalisation des sténopés
? Réalisation d’une exposition des clichés pris par les habitants
5 000 ?
1 000 ?
2 000 ? ? Région Rhône-Alpes (dispositif FIACRE)
? Conseil général de la Drôme
? Autofinancement SMBP
2 000 ?
4 400 ?
1 600 ?
TOTAL 10 000 ? TOTAL 10 000 ?
Après en avoir délibéré, et à l’unanimité des membres présents ou représentés, le Bureau :
? Approuve la proposition du Vice-président.
? Décide de solliciter le Conseil Général de la Drôme et la Région Rhône-Alpes dans le cadre du FIACRE pour le financement de cette action.
? Autorise le Président à signer tout acte relatif à cette action et à solliciter toute subvention.