Situé dans la vallée de l’Arve, au pied du Mont Blanc, le centre d’élevage de gypaètes d’Asters (le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Savoie), créé en 2000 et rénové en 2017, accueille actuellement 4 couples de gypaètes barbus. Agréé pour cette seule espèce de vautours, il n’a pas vocation à recevoir du public ou la faune blessée, mais exclusivement à assurer la reproduction et l’élevage de jeunes Gypaètes barbus. Étienne Marlé, responsable du centre nous en a dit plus sur cette structure et sa vocation.
Le Gypaète barbu est l’une des quatre espèces de vautours présentes en France (Vautour fauve, Vautour moine et Vautour percnoptère). C’est une espèce protégée en France et à l’international. C’est dire l’importance du travail mené par le centre d’élevage : faire en sorte que ces rapaces puissent être réintroduits dans la nature et que l’espèce prospère.
Les oiseaux qui séjournent dans le centre sont en bonne santé et n’ont pas besoin de soins quotidiens. Deux employés assurent leur surveillance. Ils cherchent constamment à améliorer les bonnes pratiques d’élevage afin de réussir à avoir un maximum de poussins. Ils nourrissent les oiseaux et distribuent régulièrement des matériaux divers pour encourager l’aménagement des nids.
Les oiseaux du centre d’élevage ont des comportements proches des gypaètes sauvages. Ils sont répartis par couples, dans de grandes volières, toute l’année. Leurs besoins alimentaires et leur sécurité étant assurés, les couples ont une légère tendance à se reproduire un peu plus précocement.
Sur les 4 couples hébergés, 1 seul est reproducteur cette année. Qu’à cela ne tienne, les autres couples peuvent servir à prendre le relais du couple pour couver un œuf ou pour élever un poussin. Les jeunes Gypaètes barbus nés en captivité sont destinés à être réintroduits en nature :
- soit dans le cadre de programmes de réintroduction dans le Vercors, les Baronnies provençales (Life GypConnect), en Autriche,…
- soit sur des programmes de renforcement de populations de gypaètes barbus en Espagne ou en Corse.
Les 5 centres d’élevage européens travaillent en réseau, avec l’aide de parcs zoologiques, pour réintroduire chaque année un maximum de Gypaètes barbus. Différents critères sont alors analysés pour savoir quel oiseau issu de quel centre va être attribué à quel site de réintroduction : date d’éclosion (et donc date à laquelle l’oiseau pourra être réintroduit), sexe, lignée génétique… Le « risque » inhérent au site de réintroduction entre également en compte : les sites nouveaux accueillent préférentiellement de jeunes Gypaètes barbus issus de lignées génétiques bien répandues alors que les oiseaux au patrimoine génétique en danger sont orientés vers des sites de réintroduction anciens, sur lesquels on a le recul nécessaire et on sait qu’ils sont sûrs.
Pour pallier les échecs, les centres œuvrent collectivement en valorisant les bonnes pratiques, ce qui a bien marché ailleurs dans les techniques d’élevage. Lorsque des couples en contact depuis plusieurs années ne se sont toujours pas reproduits, les centres s’échangent également des oiseaux afin de créer de nouvelles affinités.