Trop de lumière (la) nuit !

Alors que la fête des fêtes, familiale et conviviale, a réchauffé les cœurs au plus profond de l’hiver avec son lot de cadeaux et de gourmandises, ce même hiver nous enveloppe d’une obscurité si dense que les nuits peuvent parfois nous sembler interminables. Les villes et villages mettent un point d’honneur à rester scintillantes nous révélant chaque année leurs plus belles parures lumineuses. La lumière, ce bien commun synonyme de connaissance et de progrès, ne doit pas pour autant nous aveugler sur ses contours et enjeux. Pas d’inquiétude quant aux décorations, une fête culturelle et chaleureuse se doit de le rester ! Mais la question de la lumière artificielle doit se poser au-delà, à plus grande échelle, et pour de multiples raisons… en toute saison. Explications.

Dans un lieu où la nature prédomine largement, les effets néfastes de la lumière artificielle pourraient être vus au second plan. Or, il n’en est rien, car c’est au contraire sur des lieux tels que les parc naturels régionaux que tout se joue. Dans les métropoles un lampadaire de moins n’aura pas d’impact significatif sur la capacité des habitants à observer le ciel ni sur la biodiversité d’ailleurs. Par contre il en aura sur la santé humaine (troubles du sommeil, cancers, dépression, obésité…). Et sur ce point la science montre qu’un long chemin reste à parcourir. Certes, le niveau d’urgence n’en est pas à celui du réchauffement climatique, mais du point de vue de la médecine, il est temps de prendre conscience des enjeux liés aux besoins d’obscurité du vivant. Cette prise de conscience devra se faire, malgré la symbolique qui pèse encore dans les esprits : sur le chemin de la lumière se trouve aussi celui de progrès et de savoir, quant à l’obscurité elle persiste du côté du mal… Un mythe et des constructions sociales avec lesquelles il faut en finir.

Côté campagne ? La logique s’inverse et l’impact d’un lampadaire de plus dans le paysage est direct et sans concession sur le vivant. Samuel Challéat, membre du conseil scientifique éthique et prospectif du Parc naturel régional des Baronnies provençales, le souligne : “C’est justement sur des territoires comme celui du parc qu’il faut agir et sensibiliser car l’impact de la lumière artificielle sera plus grand justement parce que la biodiversité y est plus riche !”. Et il ajoute : “Aujourd’hui, allumer un réverbère, c’est éteindre les étoiles…”.

Il y a cinq ans, lors de la création du Parc naturel régional des Baronnies provençales et la rédaction de sa charte, Samuel Challéat avait été sensible au fait que la question de la nuit figure d’emblée dans les intentions de travail avec une approche globale (paysages nocturnes, biodiversité, dimensions sonore et olfactives, énergétique,…). La présence de 2 observatoires astronomiques sur le périmètre du Parc (Moydans et Barret-de-Liourre) ainsi que d’un 3ème sur la ville-porte de Vaison la Romaine est un atout de taille pour en faire une question majeure. Grâce à son approche holistique, Samuel Challéat permet un regard interdisciplinaire, un atout certain pour notre territoire qui a une approche multiple de la nuit (touristique, scientifique, …).

Dans cette dynamique engagée dès l’origine, des actions se mettent en place que le Parc accompagne et qui permettront d’y voir plus clair, nous guidant telle la bonne étoile sur ce chemin obscur … Des normes réglementent les pratiques à tenir par les administrations publiques et les privés afin de permettre un meilleur éclairage qui puisse conjuguer sécurité et droit à l’obscurité**. Un tournant est pris pour une gestion plus raisonnée des pratiques.  Et depuis quelques mois plusieurs villages du territoire franchissent le pas. Montbrun-les-bains et Val-Buëch-Méouge se sont concentrés cette année sur leur éclairage public, alors que dans d’autres villages on s’attèle à conserver ou à obtenir le label “Villes et villages étoilés”. Aubres a également pu mettre en place un nouveau parc lumineux complet cette année. Eric Richard, maire et élu de la Communauté de Communes des Baronnies en Drôme Provençale, a pu monter un dossier de demande de subvention grâce aux conseils du Parc naturel régional des Baronnies provençales qui en a facilité la mise en œuvre. Plusieurs partenaires financiers et techniques ont participé à cette installation (Syndicat d’énergie de la Drôme et  Région Auvergne-Rhône-Alpes), permettant un investissement modéré pour le village. Eric Richard estime pouvoir amortir le nouveau parc d’éclairage public en sept ans, tout en faisant entre 70 à 80% d’économies d’électricité. Une démarche économique pour cette commune de 420 habitants, mais pas uniquement. Les lampadaires sont dorénavant dirigés vers le sol et leur puissance est décroissante, baissant de 20% toutes les deux heures.  Ainsi la faune, la flore et la santé humaine sont moins impactées, tout en permettant aux habitants de vivre au rythme qui leur convient. Les choix qui ont été fait répondent ainsi aux enjeux d’une petite commune tout en participant à la dynamique impulsée par le Parc.

Pour les insomniaques qui souhaiteraient aller plus loin sur la question de la nuit et de l’obscurité, plusieurs activités saines s’offrent à eux ! De l’observation de ces précieuses étoiles qui guident chacun de nos pas dans obscurité à la lecture et l’écoute de l’approche scientifique de Samuel Challéat, les options sont nombreuses. L’occasion de rappeler que s’il reste de plus en plus difficile de trouver des sites propices à l’observation du ciel du fait de la pollution lumineuse ou des conditions météorologiques, le Parc naturel régional des Baronnies provençales reste un site d’exception. Et particulièrement en en cette saison. Les longues nuits, l’air froid et sec, les blocages anticycloniques sont autant d’éléments propices à l’observation de très beaux objets célestes (étoiles, galaxies, exoplanètes, et autres nébuleuses…). Alors sans plus hésiter, à vos doudounes et télescopes !

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