Retour du Vautour moine dans les Alpes : premières reproductions dans le Massif des Baronnies

Article de presse publié par l’association « Vautours en Baronnies ».

Après avoir été réintroduit avec succès dans le sud du Massif Central (Grands Causses), un programme de réintroduction du vautour moine a été mis en place dans les pré-Alpes provençales à partir de 2004.Ce programme comporte deux sites de lâcher : le massif des Baronnies dans le sud du département de la Drôme et les gorges du Verdon. En 2010, pour la première fois depuis la disparition de l’espèce dans les Alpes au milieu du XIXe siècle, deux reproductions réussies sont observées dans les Baronnies.

Le Vautour moine : comment le reconnaître ?
Le Vautour moine est le plus grand rapace d’Europe (2.70 à 2.95 m. d’envergure). Son plumage brun noir et sa « tonsure » lui confèrent l’aspect monacal qui lui vaut son nom français. Sa tête est large, elle est en partie couverte d’un duvet ras qui dessine, en continuité avec celui de la gorge, un masque autour des yeux, des orifices auditifs et sur les joues. Son bec est puissant et fortement recourbé. Ses pattes d’un gris pâle contrastent nettement avec le plumage sombre.

En vol, le Vautour moine est reconnaissable à ses ailes extrêmement longues et larges qui lui assurent une parfaite maîtrise du vol plané ; sa tête dépasse peu de son corps massif et sa queue est courte et légèrement cunéiforme. En vol cet oiseau apparaît uniformément noir (sans contraste de plumage comme chez le Vautour fauve) exceptées sa tête légèrement claire et ses pattes grisâtres. Lorsqu’il va se poser, le vautour moine a pour habitude de relever la queue.
Le Vautour moine est un rapace nécrophage strict. Il se nourrit de cadavres de brebis et de chèvres, plus irrégulièrement de bovins ou d’équins. Il affectionne les parties coriaces (peau, tendons, cartilages), c’est pourquoi il laisse souvent aux vautours fauves le soin de nettoyer l’animal de ses muscles et viscères. Les cadavres issus de la faune sauvage figurent aussi en bonne place dans son régime alimentaire (cadavres de sangliers, chevreuils, renards, lièvres, lapins…).
Son habitat se compose de collines et moyennes montagnes semi-boisées à forte influence méditerranéenne. Il niche uniquement dans des forêts de pente. Le nid est toujours aménagé au faîte d’un arbre, le plus souvent un pin. Le territoire prospecté par les vautours moines est constitué de milieux ouverts à semi-ouverts, de canyons et vallons boisés. Les individus parcourent ces immensités souvent seuls, mais aussi en couples ou accompagnés de vautours fauves et percnoptères, là où ces espèces sont représentées. Le Vautour moine se reproduit qu’à partir de l’âge de 4 ans. Mâle et femelle construisent le nid et mènent conjointement toutes les tâches d’incubation et d’élevage. Les pontes sont notées entre la première quinzaine de février et début d’avril. L’œuf unique est couvé en moyenne 54 jours. Le poussin reste ensuite 4 mois dans l’aire avant de faire son premier vol.

Historique du vautour moine dans le département de la Drôme
Vers 1840, un Vautour moine était tué près de Nyons. Cette donnée constitue probablement la dernière observation de l’espèce dans la Drôme. Le Vautour moine semble avoir disparu du sud-est de la France à la fin du XIXème siècle. Sa disparition, comme celle du Vautour fauve, est directement liée à l’action de l’homme. Aujourd’hui, malgré les efforts de protection, sa situation est fragile dans la plupart des pays du sud de l’Europe où l’espèce est encore présente.

2004 : début de la réintroduction du vautour moine dans les Baronnies

En 2002, la Fondation pour la Conservation du Vautour moine réalise un diagnostic de terrain sur les Préalpes provençales et émet un avis très favorable à la réintroduction du Vautour moine en préconisant la libération d’oiseaux sur deux sites : le massif des Baronnies et les gorges du Verdon. Grace au travail de la fondation, à partir de 2004, des vautours moines offerts par des parcs zoologiques européens et le centre de soins « Los Hornos » de la province d’Estrémadure sont réintroduits dans les Baronnies. Depuis, 31 oiseaux ont pu être relâchés dans les Baronnies. Aux oiseaux relâchés, se rajoutent des vautours moines venant naturellement du sud du Massif central, des gorges du Verdon mais également de Catalogne espagnole (programme de réintroduction en cours). Aujourd’hui, une petite colonie comptant environ 20 individus semble fixée dans les Baronnies. Cinq couples sont formés.

2010 : premières reproductions réussies
Pendant l’hiver 2009/2010 un couple baptisé « Asphodèle » et « Hannibal » construit une aire sur un pin. La ponte aura lieu entre le 23 et le 25 février 2010. Le 21 avril, un adulte est debout sur l’aire et regarde fixement entre ses pattes. Le 22 avril, nous observons pour la première fois l’adulte qui régurgite et se baisse pour nourrir. Les observations se faisant au télescope à environ 800 m de l’aire, il nous faudra attendre le 4 mai pour apercevoir la tête du poussin. A l’âge de 4 mois, ce poussin qui a atteint la taille de ses parents a fait son premier vol.
Un des cinq couples formés cette année ne se reproduira pas, la femelle étant trop jeune. Deux autres couples échoueront leur reproduction pendant l’incubation. Il nous restait à découvrir ce qu’était devenu le cinquième couple. Après des mois de prospection, début août 2010 nous arrivons à localiser le site choisi par le cinquième couple et surprise nous découvrons la présence d’un deuxième poussin.

Ces deux jeunes vautours moines sont les premiers à naître en nature dans les Alpes depuis la disparition de l’espèce, soit environ 150 ans.

Trois nouveaux vautours moines pour les Baronnies
La situation encourageante mais très fragile de la colonie de vautours moines des Baronnies nécessite de relâcher encore quelques individus. Mi-août, trois jeunes oiseaux ont été acheminés dans les volières de réintroduction :

– Le parc zoologique de Doué la Fontaine dans le Maine et Loire a offert un jeune vautour moine né en captivité. Ce zoo exemplaire participe depuis de nombreuses années à la sauvegarde des vautours en offrant des oiseaux pour les différents programmes européens
– Deux vautours moines, récupérés blessés en Estrémadure, ont été soignés dans le centre de soins pour la faune sauvage « Los Hornos ». La province d’Estrémadure abrite la plus importante population de vautour moine d’Europe et participe fortement à la sauvegarde de cette espèce en offrant des oiseaux pour les différents programmes de réintroduction européens. Ces deux vautours moines ont été acheminés dans les Baronnies par les responsables de la fondation pour la conservation des vautours.

Association « Vautours en Baronnies »
Christian TESSIER

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