Ces dernières décennies ont été marquées par un effondrement catastrophique des populations des différentes espèces de vautours dans le monde. Pourtant, en Europe, la situation reste remarquable car, dès les années 80, dans le contexte des nouvelles orientations européennes en matière de protection et de gestion de l’environnement et sous la pression des milieux scientifique et écologiste, on a commencé à réintroduire le Vautour sur des territoires où il avait disparu. C’est d’ailleurs à cette période que la France, fidèle à ses engagements dans les directives européennes et les conventions internationales prône le rapprochement entre agriculture et biodiversité.
Dans les Baronnies provençales, les Vautours fauves ont été réintroduits depuis le milieu des années 90. À l’heure actuelle, on compte plus de 500 individus cantonnés sur le territoire, toutes espèces de Vautours confondues. Et ces Vautours peuvent rendre service aux habitants ! Charognards exemplaires, ils se nourrissent sur les animaux morts (bétail ou faune sauvage) et débarrassent ainsi les carcasses, limitant le développement de maladies ou la pollution des eaux.
Mais ce n’est pas tout ! Depuis quelques années, on vient de loin jusque dans les Baronnies provençales pour observer les Vautours. Cette attractivité est sans doute à l’origine du développement d’activités nouvelles, qui pourraient apporter au territoire une économie innovante et fondée sur la Nature.
Cependant, aucune étude exhaustive n’a encore recherché et quantifié l’ensemble des services que les Vautours peuvent rendre à l’homme, ainsi que leur poids économique. L’évaluation des services que nous rend la nature, appelés aussi « services écosystémiques », est au cœur d’une évaluation nationale : l’EFESE. Elle évalue notamment le fonctionnement des écosystèmes et mesure les biens et les services (matériels ou immatériels) qu’ils apportent aux sociétés humaines. C’est justement dans ce cadre que le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire a chargé le Parc de conduire une étude sur l’évaluation des services retirés par l’homme suite à la réintroduction d’espèces, en prenant le cas des Vautours dans les Baronnies provençales et le Vercors.
Cette étude, qui va se dérouler sur une année, bénéficie de l’appui de nombreux experts, scientifiques, écologues, économistes, sociologues, qui se sont structurés au sein d’un groupe de travail : un Comité de Pilotage. Ces experts se sont réunis pour la première fois le 19 juin 2018 à Villeperdrix, actant le démarrage effectif de l’étude. La journée a été riche d’échanges de points de vue, de réflexions sur les méthodes de travail et d’ateliers permettant de faire émerger des indicateurs pour mesurer tout ce que les Vautours apportent à l’homme.
Par la suite, cette étude fera émerger un guide de référence de portée nationale sur les services rendus par les espèces réintroduites, en décrivant un modèle économique basé sur la valorisation des services rendus par la nature, en incluant notamment l’écotourisme.
La conduite même de cette étude au sein d’un territoire comme les Baronnies provençales nous rappelle l’intérêt de la présence des Vautours dans la région. Un volet plus exploratoire permettra d’évaluer ensuite les services écosystémiques potentiels qu’ils pourraient apporter au territoire du Parc, voire de quantifier les retombées économiques dont le territoire pourrait bénéficier dans le futur.