L’été s’annonce et avec lui, les fêtes votives qui célèbrent la mémoire des saints des paroisses. Un bal vient souvent conclure la soirée, mais souvent le disc-jockey a remplacé l’orchestre, le lecteur de CD l’accordéon et le chanteur. La musique traditionnelle ou folk a encore de nombreux partisans mais qui se retrouvent dans des concerts ou des lieux plus spécifiques. Des groupes, comme Djal, de Grenoble, cherchent à lier les musiques actuelles et traditionnelles.
Dans les Baronnies provençales, il y a une vingtaine d’années, plusieurs enquêtes de musicologues et ethnologues, en association avec des occitanistes, ont recensé nombre de chansons et de pratiques musicales. Dans le cadre de l’Atlas sonore Rhône-Alpes, réalisé par le Centre des Musique Traditionnelles Rhône-Alpes (CMTRA), un travail de collecte a été effectué sur la région et une cassette éditée. On peut toujours se la procurer auprès du CMTRA
A l’époque où l’occitan était encore couramment parlé dans les Baronnies provençales, l’existence de nombreux instruments, tels que les accordéons diatoniques, les harmonicas et surtout les violons, a été attestée. Le fifre, petit instrument à vent, traditionnellement fabriqué en bois (de buis ou de canne de Provence) était également joué, souvent par les jeunes, et accompagnait les fanfares avec un son aigu et puissant.
Dans ce pays sauvage où la nature est reine, les chants racontaient bien souvent la chasse. Pratiquée par tous, loisir par excellence, elle était presque contée à travers la musique. Les bergers eux, confrontés à la solitude, chantaient dans les montagnes, tant et si bien qu’on raconte qu’ils chantaient comme ils respiraient, passant sans transition de la parole au chant dans leurs discussions.
De toutes les musiques traditionnelles des Baronnies provençales, la plus emblématique est certainement le rigodon. Cette musique et danse traditionnelle du Dauphiné et des Alpes du sud était déjà présente au XVIIème siècle. Cette musique était autant appréciée dans les sphères de l’aristocratie (Madame de Sévigné appréciait beaucoup le rigodon) que dans les couches populaires. Le violon était l’instrument privilégié : c’était alors avant tout un instrument populaire qui faisait danser.
Bien qu’aujourd’hui rare sont ceux qui savent encore jouer, chanter ou danser le rigodon, il fait partie de la mémoire collective des Dauphinois et certains auront certainement en tête un air familier, « le coucou » reste ancré dans la mémoire des anciens.
Aujourd’hui, c’est un tout autre répertoire que nous offrent les jeunes (et les moins jeunes) qui animent la culture musicale des Baronnies provençales. Une culture musicale dynamique malgré les difficultés que peuvent rencontrer les artistes ou les structures de diffusion en milieu rural. L’expérience menée, pendant 3 ans (2015-2018), au sein de la Communauté de communes des Baronnies en Drôme provençale, avec la compagnie Antiquarks, correspond notamment à cette tentative d’allier des expressions musicales traditionnelles avec des formes plus contemporaines.