Parcourir les Baronnies provençales, c’est toujours un régal pour les yeux. C’est l’assurance de contempler le spectacle chaque fois renouvelé d’une nature encore intacte. Et quoi de plus spectaculaire que les paysages de gorges et de hautes falaises qui bordent les cours des rivières de l’Eygues ou de la Méouge, ou encore du ruisseau de Trente Pas ? Où que l’on porte son regard, on est surpris par la hauteur de ces murailles calcaires, par la diversité des formes des éperons rocheux ou encore par la taille des blocs qui parfois se sont détachés de ces falaises et reposent plusieurs centaines de mètres plus bas. Ce sentiment de grandeur voire d’immensité est parfaitement justifié, les falaises des Baronnies provençales mesurant parfois plusieurs centaines et mètres. Bien souvent, elles dévoilent une alternance de couches sédimentaires, comme autant de témoins des puissants phénomènes naturels et tectoniques à l’œuvre depuis des millions d’années.
A première vue, ce monde minéral et vertical, balayé par les vents, avec des sols squelettiques, voire inexistants, un apport d’eau intermittent et une exposition permanente au soleil paraît peu propice à l’installation de la faune et de la flore. Et pourtant les falaises sont des milieux naturels qui regorgent de vie ! Les parois abruptes présentent des habitats où la tranquillité est assurée, et où de nombreux animaux rupestres, c’est-à-dire inféodés (et donc adaptés) aux falaises, s’y réfugient.
En particulier, la diversité des oiseaux rupestres est remarquable. Les falaises des Baronnies provençales hébergent de belles populations de Grand-Duc d’Europe et de Faucon pèlerin. Les emblématiques Vautour fauve et Aigle royal, ainsi que le très rare Vautour percnoptère dont un couple est nicheur en 2019 dans les Baronnies provençales, complètent le cortège des rapaces. D’autres oiseaux, tout aussi remarquables, comme le Martinet à ventre blanc, le Monticole bleu ou les Hirondelles de rocher nichent également dans les falaises. Le plus discret Crave à bec rouge pourrait aussi fréquenter assidûment les Baronnies provençales mais les informations concernant cette espèce sont réduites. Le Cincle plongeur, habitué des rivières de montagne, est capable de s’installer dans les surplombs des gorges calcaires. Et durant l’hiver, le Tichodrome échelette ou le Chocard à bec jaune, nicheurs des zones alpines d’altitude, sont des visiteurs réguliers.
La falaise est donc un habitat singulier et en équilibre, riche de nombreux habitants. Il peut parfois nous arriver d’oublier qu’ils sont là, autour de nous, et l’on peut inconsciemment perturber ces équilibres. Cette prise de conscience de la diversité et de la fragilité du vivant par les usagers des falaises est donc primordiale pour parvenir à préserver cette biodiversité. Comprendre l’impact que l’on peut avoir sur un écosystème commence par comprendre le fonctionnement de celui-ci.
C’est pour cela que le Parc mène plusieurs actions de concertation avec les grimpeurs, les amateurs de via ferrata et les parapentistes : concertation préalable à l’équipement de voies d’escalade, évaluation des incidences de la création de parcours de via ferrata, adaptation de leurs pratiques par les parapentistes… Le dialogue, le porter à connaissance et la concertation sont au centre des démarches. Cela permet de mettre en parallèle les usages actuels et les demandes des pratiquants avec les sensibilités des milieux naturels, pour faire changer les regards et parvenir à un compromis. Il en ressort parfois des interruptions de pratiques, temporaires ou permanentes, décidées de manière collégiale par les pratiquants et les naturalistes. L’objectif est de co-construire une pratique sportive en pleine nature durable sur le territoire, tout en ayant un impact minimal sur la biodiversité.