Ménager la chèvre et le chou à Buis-les-Baronnies

Il a une fière allure de dinosaure, et ses flancs majestueux attirent plus d’un grimpeur en quête de sensations fortes. Le Rocher du Saint-Julien à Buis-les-Baronnies est un lieu prisé pour l’escalade, mais c’est aussi sur ses falaises que fut découvert en 1995 le Chou des montagnes.

Depuis, ce chou sauvage a quelque peu fait parler de lui au sein du Parc naturel régional des Baronnies provençales. Sous ses airs de colza se cache en fait une plante rare, protégée en région Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais en Auvergne-Rhône-Alpes, la plante se trouve ici dans sa station la plus septentrionale de son aire de répartition, et elle aurait pu passer inaperçue si le botaniste Luc Garraud du Conservatoire Botanique National Alpin (CBNA) n’avait eu le nez suffisamment fin pour l’identifier sur un territoire nouveau. Le Chou des montagnes est plus souvent repéré sur les falaises calcaires et éboulis dans les régions méditerranéennes.
Le projet de via ferrata à Buis-les-Baronnies a demandé aux différents acteurs une grande écoute des intérêts et nécessité de chacun.

Le parc naturel régional des Baronnies provençales, alors dans sa préfiguration à cette époque, a été sollicité par la municipalité de Buis-les-Baronnies pour l’accompagner dans l’élaboration et le suivi d’une étude environnementale (réalisée par un bureau d’études) pour s’assurer que le projet qui devait voir le jour ne remettait pas en cause la survie de la plante. Le nouveau projet répondant aux critères de préservation il a pu être mis en œuvre.
Une fois la via ferrata installée et inaugurée, le Parc en partenariat avec le CBNA a réalisé une étude d’inventaire plus précis des individus de Chou des montagnes présents en faces sud et nord et sur la crête de la falaise du St-Julien. Ils ont tous été cartographiés et certains étiquetés pour réaliser un suivi qui est fait régulièrement depuis 2014. Ce travail est d’ailleurs fait en partenariat avec un guide de haute montagne sensibilisé à la préservation de la faune et de la flore locales. En parallèle, des écocompteurs ont été posés à divers endroits afin d’évaluer la fréquentation sur le site. Des sentiers ont été mieux balisés afin de canaliser les visiteurs et éviter des zones fragiles où pousse le chou.

L’accompagnement et la conciliation des partenaires sont une des missions du Parc, la question de la biodiversité dans les activités de pleine nature est un de ses enjeux majeurs.

Si Rome ne s’est pas faite en un jour, aménager la via ferrata de Buis-les-Baronnies a demandé du temps pour mettre tout le monde d’accord. Mais aujourd’hui, les grimpeurs peuvent jouir de la vue à 360° sur Buis-les-Baronnies et le Mont Ventoux tout en frôlant les vautours. Quant aux botanistes, ils peuvent observer à loisir le chou des montagnes dont la population reste sensible et fragile, et constater qu’elle est bel et bien une espèce qui a trouvé ici un véritable terrain d’émancipation.

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