Les Baronnies provençales, un livre de roche à ciel ouvert

Le Parc naturel régional des Baronnies provençales, situé au carrefour de la Drôme et des Hautes-Alpes, est reconnu pour son patrimoine géologique unique. Témoignant des sédimentations ayant eu lieu durant les périodes du Jurassique et du Crétacé, ce territoire révèle une histoire géologique de plus de 150 millions d’années. Les mouvements tectoniques ont préservé cette région dans son unité, offrant aujourd’hui un site d’étude privilégié pour les géologues du monde entier. 

Les traces d’un bassin sédimentaire du Mésozoïque (ère secondaire)

Les Baronnies provençales sont une fenêtre ouverte sur une partie du passé géologique de notre planète, au temps des dinosaures. Ce territoire atteste de la sédimentation qui s’est effectuée durant le Mésozoïque, principalement au cours des périodes du Jurassique et du Crétacé, dans un bassin sous-marin profond (autour de 1500 mètres de profondeur).

Les mouvements tectoniques que la région des Alpes a connus ont peu touché les Baronnies provençales, ce qui en fait un conservatoire des sédiments accumulés au fond de ce bassin sous-marin et un lieu de connaissance d’une partie des événements majeurs de l’histoire de la Terre au cours de cette période.

Ces sédiments sont ensuite plissés du fait de la remontée de la plaque africaine qui a abouti à la formation des Pyrénées et, pour les Baronnies, à la formation des chaînons montagneux est-ouest qui structurent l’essentiel du relief de la région. À la fin du Jurassique et au début du Crétacé (environ – 130 millions d’années), une strate en particulier, le calcaire dit Tithonien, plus solide que les autres, se forme et va constituer le squelette des reliefs des Baronnies provençales, la future charpente et le futur motif dominant des paysages. C’est ce calcaire qu’on voit aujourd’hui dans les gorges ou sur les crêtes taillées en falaises. Les marnes, particulièrement importantes dans les Baronnies provençales, entre le Jurassique moyen et le Crétacé inférieur, sont des roches sédimentaires qui contiennent plus d’argile que de calcaire et qui ont ainsi une plastique souple qui peut contraster avec les accumulations calcaires.

Un terrain de recherche et d’enseignement reconnu internationalement

La géologie exceptionnelle des Baronnies provençales attire de nombreux chercheurs et étudiants depuis la fin du XIXe siècle. De nombreuses thèses ont été réalisées en lien avec la sédimentologie et la compréhension de l’évolution de la Terre durant les périodes du Jurassique et du Crétacé. Ainsi le site de Pré Guittard (aujourd’hui reconnu comme GSSP pour l’Albien) est étudié et relevé par Jean-Gabriel Bréhéret dans sa thèse de doctorat de 1995 consacrée à l’Aptien et l’Albien dans la fosse vocontienne.

Cette intense activité scientifique a conduit à la reconnaissance de trois Global Boundary Stratotype Section and Point (GSSP) sur le territoire pour les périodes de l’Hauterivien, de l’Albien et du Cénomanien. Un quatrième GSSP, pour le Valanginien à Vergol, est en cours de reconnaissance.

Aussi appelé « clou d’or », il s’agit de repères posés sur la limite entre deux étages géologiques, ne laissant pas la possibilité de vide ou de chevauchement entre eux. Les Points Sratotypiques Mondiaux (PSM) sont établis par la Commission internationale de stratigraphie et l’Union internationale des sciences géologiques élabore les conventions internationales.

Les universités de Brest, Paris-Saclay, des universités néerlandaises, ou l’école d’ingénieurs géologues UniLaSalle, viennent chaque année étudier la géologie des Baronnies provençales, confirmant leur importance académique et scientifique.

Une étape dans la valorisation des enjeux géologiques sur le territoire des Baronnies provençales

Afin de valoriser ces patrimoines, des aménagements spécifiques ont été réalisés sur des sites géologiques d’importance internationale. C’est le cas pour ceux de La Charce et Arnayon (Pré Guittard).

Si l’aménagement du site de La Charce a relevé du Département de la Drôme, l’aménagement du Col de Pré-Guittard a été pris en charge par le Syndicat Mixte du Parc naturel régional des Baronnies provençales dans le cadre d’une opération plus vaste consacrée à la préservation et à la valorisation des cols emblématiques de son territoire (détails ci-dessous).Elle a été soutenue financièrement par la Région Auvergne-Rhône-Alpes (34 %), le Département de la Drôme (27 %) et l’État (dans le cadre du FNADT, pour 20 %).

Cette opération s’est déroulée entre mars 2023 et juin 2024, à la suite de la réalisation de l’aménagement du col de Perty. Les cols concernés sont : Pré Guittard (Arnayon Drôme), réalisation en 2024), la Bachassette (Saint-Auban d’Oze, Hautes-Alpes, projet prévu pour 2025), Pommerol (entre Rosans et Pommerol, Drôme/Hautes-Alpes), Macuègne (Barret-de-Lioure), Fontaube (entre Plaisians et Brantes, Drôme/Vaucluse), Carabes (entre La Piarre et La Bâtie-des-Fonts, Drôme/Hautes-Alpes).

Après consultation, un maître d’œuvre pour l’étude de projet de ces 6 cols a été choisi. Il s’agit du groupement formé par Tombolo (Crest), Atelier Mathilde Meignan (Montreuil) et Agence Vingt Quatre Avril (Montreuil), pour un montant total de 47 370 euros HT (projets sur les 6 cols, interprétation et marché de maîtrise d’œuvre pour le col de Pré-Guittard).

Les travaux réalisés par le Parc naturel régional pour l’aménagement du Col de Pré-Guittard s’élèvent à 72 300 euros HT.

Les entreprises qui ont participé aux travaux sont :

  • AUBERY TP (Rémuzat) pour les travaux de VRD, ainsi que les travaux de maçonnerie,
  • EMPREINTE signalétique (Sainte-Foy d’Aigrefeuille, Haute-Garonne) pour la signalétique
  • CONSTRUIRE EN PROVENCE (Nyons) pour la réalisation de la Rose des Vents

L’aménagement sera complété par des travaux de végétalisation (semis herbacé, plantation) qui seront réalisés à l’automne 2024, notamment par la plantation de plusieurs tilleuls à grandes feuilles provenant de graines récoltées dans les forêts des Baronnies provençales.

D’autres actions viennent accompagner la valorisation de la géologie des Baronnies provençales.

Depuis l’automne 2023, le Syndicat Mixte du Parc a mis en place, en coopération avec des géologues professionnels, comme Jean-Luc Rubino, docteur en géologie, chercheur associé à Sorbonne-Université et résidant à Mirabel-aux-Baronnies, des conférences et sorties géologiques en direction du grand public.

Le Syndicat Mixte a aussi accompagné la publication d’études et de travaux de vulgarisation comme l’ouvrage de Christian Montenat sur les « Baronnies provençales, Mont Ventoux et Montagne de Lure » (2013 aux éditions Omnisciences, projet de réédition en cours chez le même éditeur).

Par ailleurs, le Syndicat Mixte du Parc naturel régional accompagne aussi un projet de lieu d’interprétation dédié à la géologie, en collaboration avec UniLaSalle et la commune de Montbrun-les-Bains, au cœur de ce village.

La protection de sites géologiques remarquables à commencer par les GSSP ou futurs GSSP situés en Région Auvergne-Rhône-Alpes a été engagée dans le cadre de la Stratégie nationale pour les Aires Protégées (SAP) et à la demande du Conseil Supérieur Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN). Ce projet est piloté par la Direction Départementale des Territoires de la Drôme, en lien avec le Parc naturel régional des Baronnies provençales et associera les propriétaires (généralement publics, État, Département ou communes) et les élus des communes concernées.

Les liens avec d’autres actions du Parc

Il est possible de relier les enjeux géologiques avec d’autres projets ou actions du Syndicat Mixte du Parc naturel régional :

  • le travail de préservation et de valorisation de la nuit, en lien avec la recherche qui permet de comprendre les évolutions dans la stratification et les mouvements des planètes et ceux de la terre ;
  • la valorisation des lieux emblématiques des Baronnies provençales, à commencer par les cols (cf. plus haut)
  • l’éducation à l’environnement et au territoire, dans le cadre des actions de sensibilisation qui peuvent être menées sur la géologie ou la nuit, en direction des scolaires, mais aussi du grand public
  • les actions de préservation de la biodiversité, notamment dans le cadre de la Stratégie des Aires Protégées
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