Le projet « Plan de paysage et résilience des Baronnies provençales » a pour objectif d’utiliser l’approche paysagère comme moyen d’aborder les défis liés à la résilience face au changement climatique et aux évolutions en cours. L’étymologie du mot paysage (pagus = ville/villa) illustre en soi à quel point la notion est liée à l’action de l’homme dans la nature. L’occupation humaine est indissociable du concept de paysage, et ainsi de sa dimension politique. L’objectif d’un plan de paysage et de la mise en place d’un observatoire photographique est de favoriser une synergie entre la prise en compte des vulnérabilités du territoire rural et montagnard des Baronnies provençales (telles que l’eau, l’agriculture, la biodiversité, l’habitabilité et les risques) et les politiques sectorielles mises en place pour y répondre, tout en imaginant à quoi pourraient ressembler les paysages « sobres et décarbonés » de demain. Pour mener à bien ce projet, Vicky Bretaudeau a été accueillie pendant six mois en stage, et grâce à son travail, une démarche d’observation au long cours peut dorénavant être envisagée.
Répondant à un programme national du Ministère de la transition écologique, le Plan de paysage invite à réfléchir au territoire par un prisme nouveau. L’intention de ce dispositif vise à établir un plan de réflexion et d’action, et qui vise à définir des perspectives et horizons partagés pour le futur des paysages des Baronnies provençales. Vicky Bretaudeau, en Master 2 Paysage à l’Institut Agro Rennes-Angers, a permis une première mise en lien entre des élus, des communautés de communes, et la Direction départementale des territoires de la Drôme (dont une architecte et un paysagiste conseils de l’État, afin de réfléchir ensemble aux paysages des Baronnies provençales d’aujourd’hui et de demain. S’appuyant sur des archives photographiques (cartes postales, photographies du parc ou d’autres sources archivistiques) le projet vise à poser un regard au long cours et de manière systématique sur des lieux remarquables tout autant que ceux du quotidien. Durant six mois, Vicky a ainsi élaboré un diagnostic orienté pour l’Observatoire, puis mis en place des ateliers de concertation. Elle a invité les personnes autour de la table à s’approprier 250 photographies des paysages du Parc avec un premier regard sensible, pour échanger à propos : du paysage « coup de gueule » au paysage « coup de cœur », en passant par les paysages « à conserver », ceux « en mouvement », ou ceux plus connus dits « pour les touristes ». Autour de ces thématiques, chacun a pu observer, décrypter, analyser ou simplement faire part de ses émotions. Une sélection de points de vue a alors permis de faire ressortir des enjeux forts du territoire. Ensuite, en s’appuyant sur les ateliers, les échanges avec les techniciens du Parc, la représentativité des différents paysages du Parc, un choix final de quarante lieux a été décidé. Ces lieux sont une première proposition dont l’évolution pourra être suivie dans le temps.
Dans cette dynamique d’appréhension et de lecture, le Parc naturel régional des Baronnies provençales disposait déjà d’outils partagés avec les autres parcs de la Région Sud. Vicky a pu participer à des rencontres avec les chargés de mission « paysages » des autres territoires, afin par exemple de définir un vocabulaire commun pour caractériser et indexer les types de paysage et leurs composantes. S’appuyant sur l’expérience de la DATAR dans les années 1980, l’observatoire photographique des paysages peut répondre à une démarche assez stricte. Une méthode nationale existe, et peut être déclinée de manière plus spécifique dans chaque territoire en fonction des objectifs des structures qui portent les projets. Ainsi les observatoires photographiques du paysage adoptent dorénavant des méthodes hybrides vouées à devenir de plus en plus participatives.
L’analyse des paysages, que ce soit dans les plans de paysages ou les observatoires photographiques, participe ainsi à révéler les liens entre les humains et leurs environnements et à souligner l’équilibre nécessaire à entretenir entre nature et culture, notamment pour répondre aux enjeux écologiques ou agricoles qui s’imposent aujourd’hui dans un parc naturel régional. D’un point de vue philosophique, le paysage n’est pas une réalité en soi, autrement dit il n’existe pas en dehors de celui qui le regarde. Pourtant, c’est bien à travers lui qu’une dynamique de territoire peut se jouer. Il peut être un outil porteur voire un instrument économique lorsqu’il est pensé à destination des touristes par exemple. Faire-valoir d’un territoire,lieux d’apprentissage, de production, de sensibilisation quand il s’agit du patrimoine ou de biodiversité, le dialogue et le partage des points de vue permettent alors d’en comprendre les enjeux ou de mettre en exergue l’intérêt d’en modérer les usages.
À travers le Plan de paysage, le Parc a pour mission d’accompagner les communes dans leurs projets d’aménagement de places publiques ou de cours d’école par exemple, son action peut se traduire par des préconisations spatialisées qui pourront se révéler différentes d’un village à l’autre même à une échelle si réduite. Vicky Bretaudeau ayant à présent défini des itinéraires paysagers, l’observatoire photographique pourra continuer, et sera un outil d’aide à la décision.