Le grand voyage du vautour percnoptère

Le vautour percnoptère est unique à plus d’un titre. Plus petit des quatre vautours présents dans les Baronnies provençales, avec seulement 1,80m d’envergure et 2kg sur la balance, il fait partie de ces rares oiseaux dans le monde capables d’utiliser des outils : passé expert dans l’art de manier des pierres avec son bec, il s’en sert pour ouvrir des œufs (d’autruche en particulier) pour se délecter de leur contenu. Son intelligence était admirée en Égypte antique où le vautour percnoptère était vénéré.

Et c’est surtout le seul vautour migrateur d’Europe ! Nous allons aujourd’hui vous en apprendre plus sur le formidable voyage qu’il accomplit chaque année depuis les Baronnies provençales jusqu’en Afrique de l’Ouest, sur la bordure sud du Sahara.

Le couple de vautour percnoptère des Baronnies provençales

Le vautour percnoptère est très rare : on estime ses effectifs à une vingtaine de couples formés dans tout le quart Sud-Est de la France. Un seul couple est présent dans les Baronnies provençales pour s’y reproduire. Les deux oiseaux font l’objet d’un suivi attentif, en particulier lorsqu’ils investissent leur site de nidification ou lorsqu’ils fréquentent les placettes d’équarrissage, où ils s’alimentent sur les carcasses que les éleveurs sont autorisés à venir déposer.

Ce couple est constitué d’un individu mâle, bagué 0R, né en 2013 en Aveyron et d’une femelle, non baguée, dont le lieu et l’année de naissance sont inconnus. Le couple s’est formé dans les Baronnies provençales en 2017, à la fin du printemps. Depuis, ils ne se sont plus quittés. Tous les ans, ils partent en migration sur le continent africain et en reviennent depuis 2 ans maintenant.

La migration

Les vautours percnoptères des Baronnies provençales, comme l’ensemble de leurs congénères de l’Europe de l’Ouest, migrent deux fois par an : au printemps pour rejoindre nos latitudes où se trouve leur site de reproduction, et à l’automne pour regagner leurs quartiers d’hiver aux conditions climatiques plus clémentes. Leur voyage dure en moyenne 3 semaines, et est un peu plus court à l’automne qu’au printemps. Capables de voler parfois plus de 600 km par jour, ils empruntent une route migratoire de plus de 4 000 km. Les migrateurs ne voyagent pas en famille. Chez les oiseaux transsahariens, les adultes partent avant les jeunes. La migration est un comportement inné : c’est donc purement par instinct que les jeunes vautours percnoptères, âgés de quatre mois environ, prennent leur envol et rejoignent l’Afrique.

Les vautours percnoptères empruntent une route migratoire qui leur fait éviter les grandes étendues d’eau qu’il leur serait difficile de traverser d’une traite. Ainsi, ils passent par le Détroit de Gibraltar, pour franchir la Méditerranée, au-dessus du canal de Suez, ou encore par le détroit de Bab-el-Mandeb pour franchir la Mer rouge.

Mais ce n’est pas le cas pour les vautours percnoptères européens : d’autres oiseaux, vivant dans les Balkans, voyagent plutôt en direction de l’Afrique de l’Est et ont leurs quartiers d’hiver au Tchad. Et certains vautours percnoptère originaires du Caucase voyagent même jusqu’au Kenya ! Les plus grands voyageurs peuvent ainsi parcourir plus de 7000 kilomètres. Il n’y a donc pas qu’une seule route migratoire, et on ne peut être qu’admiratif des distances parcourues par chacun de ces oiseaux.

Cette année, le couple des Baronnies provençales et son poussin sont partis en migration au tout début du mois de septembre. En ce début octobre, ils doivent déjà avoir rallié le sud de la Mauritanie, pas loin de la frontière avec le Mali et le Sénégal. Ils vont y rester jusqu’au tout début du mois de mars, où leur instinct les appellera à nouveau à reprendre la route des airs et à revenir dans les Baronnies provençales.

Les migrateurs ne voyagent pas en famille. Chez les oiseaux transsahariens, les adultes partent avant les jeunes. La migration est un comportement inné : c’est donc purement par instinct que les jeunes vautours percnoptères, âgés de quatre mois environ, prennent leur envol et rejoignent l’Afrique.

Menaces et perspectives

Au cours de leur voyage épique par-delà les continents, les vautours percnoptères peuvent rencontrer divers dangers. Les individus qui échappent à l’empoisonnement indirect, aux collisions ou à l’électrocution avec des lignes électriques peuvent toujours être victimes de braconnage. Dans les Balkans par exemple, où il ne reste que 70 couples de Vautour percnoptère, il est arrivé que les sites de nidification les plus importants soient pillés et que les poussins et les œufs soient volés. Les oiseaux adultes peuvent aussi être chassés illégalement pour être naturalisés et revendus. La population européenne a diminué de 50% ces 50 dernières années et la population des Balkans a chuté de 80% dans les 30 dernières années.

Les oiseaux migrateurs jouent un rôle majeur dans notre héritage culturel, en nous rappelant chaque année que l’été touche à sa fin ou que le printemps vient d’arriver. Leur départ pour échapper à la rudesse de l’hiver européen doit nous sensibiliser à la protection de leurs habitats également par-delà nos frontières. Nous les voyons comme des oiseaux français et européens, et nous nous efforçons de protéger leurs habitats dans nos régions. Mais la moitié de l’année, ces mêmes oiseaux volent au-dessus de singes et d’éléphants dans la Corne de l’Afrique ou de troupes de phacochères au-dessus du fleuve Sénégal. Participer à leur protection dans les Baronnies provençales en préservant la quiétude des sites de nidification, c’est s’assurer qu’ils pourront partir en migration dans de bonnes conditions. Plusieurs éleveurs de notre territoire sont d’ailleurs acteurs de la conservation du vautour percnoptère : avec l’accompagnement du Parc, ils aménagent une placette d’équarrissage où ils ont dérogation pour déposer les carcasses issues de la mortalité naturelle de leur élevage, afin de les mettre à disposition des vautours.

Rappelons-nous toutes les difficultés auxquelles les vautours percnoptères et tous les oiseaux migrateurs peuvent être confrontés dans leur perpétuel voyage sur les routes de la migration et soyons acteurs de leur protection.

Merci à l’association Vautours en Baronnies pour leur contribution aux informations citées dans cet article.

Pour en savoir plus sur le vautour percnoptère :

Pour les plus bilingues d’entre vous, consultez l’article issu des travaux d’une équipe de chercheurs européens sur la migration des vautours percnoptère, publiée dans la revue « Frontiers in Ecology and Evolution »

Et, à nouveau pour les anglophones, suivez la campagne Flight for Survival de l’association BirdLife International

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