La cueillette du tilleul : un moment important dans la vie des Baronnies provençales

C’est un « marronnier » pour les journalistes qui veulent traiter de notre région. Chaque année, en juin, la cueillette du tilleul fait parler du territoire des Baronnies provençales comme aucune autre production agricole. C’est que, pendant plusieurs décennies, les marchés au tilleul ont animé tout le mois de juillet, depuis Buis-les-Baronnies en passant par La Charce et Villefranche-le-Château.

Depuis vingt ans, ces marchés se sont toutefois étiolés avant de disparaître sous leur forme ancienne. Au Buis ou à Villefranche-le-Château, on continue à faire la fête ou à célébrer les plantes aromatiques entre la mi-juillet et le 22 juillet, mais l’ambiance des foires d’antan a disparu. Aujourd’hui, en effet, le tilleul récolté dans les Baronnies se négocie de gré à gré, entre agriculteurs et cueilleurs d’un côté et acheteurs ou négociants de l’autre. C’est plus d’une quinzaine de tonnes qui sont cueillies et vendues dans la Drôme, mais la demande, notamment en tilleul « bio » est bien plus forte et la demande largement insatisfaite. Les cours sont donc à la hausse depuis plusieurs années. Certains négociants sont prêts à payer du tilleul « sauvage » ou « petit » nettement plus cher que le cours, afin de proposer à leurs clients des fleurs encore plus parfumées.

La cueillette exige précision et endurance. Précision dans l’organisation du travail entre celui qui coupe les branches à ramasser et ceux qui, souvent rassemblés en cercle, font la cueillette au sol. Ces derniers, afin de produire un tonnage correct chaque jour, doivent avoir des gestes très précis, adaptés aux différentes variétés qu’ils ramassent, en fonction de l’organisation des bractées et des feuilles sur la branche.
Endurance, car le travail commence tôt le matin et dure toute la journée. Les pauses sont rares, car il convient d’aller vite : un tilleul « tourne » vite. Les fleurs se transforment rapidement en fruit (il « boule »), notamment quand la pluie se met de la partie.

C’est au responsable de la cueillette que revient aussi la responsabilité du séchage, phase toujours délicate. La fleur doit sécher dans un endroit aéré, à l’abri de la lumière. Il doit être régulièrement retourné afin de ne pas moisir. Une trace de noircissement et la production est perdue. Séchée, la récolte est serrée dans les « bourras » avant d’être amenée au marché ou chez le négociant.

Pour ceux qui sont en bio, il faut faire attention à choisir des séchoirs aux matériaux sains, qui ne sont pas traités chimiquement, au risque d’être déclassés. Pour le tilleul en culture biologique, les cueilleurs et les négociants ne sont pas seulement soumis à un impératif de moyens, mais aussi à un impératif de résultat. Le tilleul soumis à examen ne doit présenter aucune trace de pesticide ou d’hydrocarbure (pour les arbres plantés en bords de route).

Depuis quelques années, la Chambre d’Agriculture de la Drôme ou Agribiodrôme, en lien avec des agriculteurs ou des négociants, ont entamé des expérimentations destinées à standardiser et à faciliter la cueillette sur des arbres de taille plus modeste (5 à 6 mètres contre une quinzaine de mètres). Le souhait est de limiter les risques de chute et d’avoir une récolte plus facile. Mais ces innovations ne feront jamais disparaître l’originalité de cette récolte et de ce moment où les sens se trouvent tous en éveil.

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