De fil en aiguille

Il y a un siècle, il était courant de croiser des tisserands itinérants sur les chemins des Baronnies provençales. La présence de familles de tisserands dans la plupart des villages permettait à chacun de se vêtir facilement, et localement, grâce aux éleveurs et aux producteurs de chanvre du territoire qui fournissaient la matière première.

Si l’UNESCO dénombrait 60 tisserands en France en 2010, neuf ans plus tard on estime qu’ils seraient 250 à exercer cet art, dont une poignée* au sein du Parc des Baronnies provençales. Malgré un nombre croissant, le métier reste menacé, et depuis 2008 il est inscrit à l’Inventaire des Savoir-faire rares par le Ministère de la Culture.

Cette année, le Parc des Baronnies provençales a permis aux éleveurs et aux travailleurs de la laine de se rencontrer et de faire quelques constats tout en amorçant une réflexion sur les enjeux de la filière. La laine est considérée comme un sous-produit largement concurrencé par des fibres synthétiques, elle ne représente qu’1,5 % des fibres textiles utilisées dans le monde ; la tonte du troupeau est une activité souvent menée à perte, et quelques éleveurs dépourvus sont contraints de brûler leur matière première faute de trouver des solutions économiquement viables pour la transformer. Les conclusions des premières rencontres révèlent que la production a besoin d’être valorisée et le savoir-faire avec. Ici, le lin et le coton, là la laine mohair, ailleurs la soie, la question reste de savoir comment mutualiser les coûts pour une transformation plus juste pour chacun. Chaque région bénéficie d’une matière première riche, pour lequel il serait pertinent qu’un cercle vertueux se mette en place.

Quelques initiatives prennent vie, en Bretagne, en Ardèche. En Drôme, la Toison d’Art œuvre depuis 1993 grâce à son fameux marché de la laine qu’elle organise à Crest chaque année. L’association offre la possibilité de mieux connaître les créations des tisserands du territoire, et de tous les métiers de la laine (éleveurs, peaussiers, teinturiers…). Vanessa Combes, tisserande à Nyons, exerce son métier avec passion depuis 21 ans. Si elle se ravie de faire partie d’une grande famille qui sait créer des liens forts, il y a du fil à retordre pour que la profession fasse découvrir ses créations. Dans son atelier des Trois Platanes, le bruit du métier à tisser rythme le temps qui file sous les doigts de l’artisane concentrée à sa tâche. Vanessa a trouvé en la matière un moyen de créer du lien, que ce soit avec ses clients qui apprécient son travail délicat, ou avec les apprentis qu’elle se fait un plaisir de former.

*À ce jour, un annuaire est en cours de création, mais il est difficile de recenser des personnes qui ne communiquent pas et pour qui il s’agit d’un loisir plus que d’un métier.

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