Les poiriers ou noyers au milieu des parcelles ont une histoire liée à l’évolution de l’agriculture. Parfois traces d’anciens verger de haute-tige -souvent dans ces cas-là un alignement de quelques arbres laisse deviner une occupation plus importante.
On les surprend aujourd’hui, isolés au milieu d’une parcelle cultivée. Ils résistent au productivisme qui impose la ligne droite dans les campagnes. Mais, pour leur propriétaire qui en prend encore soin, c’est une promesse de fruits recherchés, parfois le souvenir d’une « bonne affaire », comme un poirier campanette de Lemps dont les fruits, cuisinés au vinaigre, furent servis dans un grand restaurant parisien.
Les amandiers, noyers, pommiers, poiriers et pruniers se retrouvaient de façon uniforme dans l’ensemble du massif des Baronnies provençales. En fait, en 1789, rares étaient les terroirs où les arbres fruitiers, hormis le noyer, étaient absents. A Laborel, Chaudebonne, Montjay ou Montclus, on invoque le froid pour expliquer cette absence.
Ces arbres sont aujourd’hui les témoins d’une approche ancienne de l’agriculture qui n’hésitait pas à associer, sur une même parcelle, des usages agricoles qu’on pense différents : labour pour les céréales, pâturage des troupeaux après la moisson, récoltes de fruits à l’automne. Ils évoquent la pratique de complantage, majoritaire avant la mécanisation de l’agriculture, le remembrement et les campagnes d’arrachage d’arbres fruitiers de la fin des années 1960.
Lors de l’achat d’une terre, on prenait donc soin de mentionner le nombre, la variété et l’état des arbres qui y poussaient. Ces arbres avaient parfois des noms, comme ce gros poirier, appelé Vendémiaire, à Montmorin, qu’un fermier a fait mourir, vers 1900, en l’ébranchant au mois de juin pour en donner les feuilles aux chèvres. La taille était limitée au strict nécessaire – l’élimination des branches mortes ou des rejets -, par peur de perdre la moindre récolte.