Les églises des Baronnies provençales sont souvent très sobres. On y trouve peu d’éléments sculptés. Il faut d’abord incriminer la qualité de la pierre. En effet, la majorité des calcaires qu’on trouve dans les Baronnies provençales, issus de sédiments de l’ère secondaire, se sculptent difficilement. Ils sont davantage faits pour produire des moellons plus ou moins réguliers. Toutefois, lorsque la roche locale le permet, la sculpture est plus fréquente.
C’est le cas dans le bassin du Rosanais où le calcaire gréseux qui y domine se sculpte bien. On le retrouve dans les vestiges du prieuré de Saint-André-de-Rosans, mais aussi sur les nombreuses façades du vieux village de Rosans. À l’ouest du territoire, aux abords de Nyons, la présence de calcaire burdigalien (tertiaire) a permis la sculpture des modillons qu’on retrouve à l’église Notre-Dame de Cadenet.
Aucun édifice datant du haut Moyen Âge n’a été identifié, à ce jour, dans les Baronnies provençales. Les plus anciennes églises qui subsistent sont datées du XIIe siècle. La croissance économique et la population sont alors suffisamment importantes pour permettre de disposer de ressources destinées à construire ou reconstruire des édifices plus grands. Après les destructions de la fin du Moyen-Âge et du XVIe siècle (guerres de religion), de nombreuses églises sont reconstruites en partie ou en totalité au cours du XVIIe siècle. Leur plan devient plus complexe, comme celui de l’église de La Bâtie-Montsaléon. Parfois, elles ne sont plus orientées. Toutefois, on conserve souvent le style « roman » qui privilégie la voûte, qu’elle soit en plein cintre ou en berceau brisé. Lors de leurs visites pastorales, les évêques insistent sur ces reconstructions. Malgré les difficultés financières, les communautés s’exécutent. Celle de La Charce fait exception : l’église, détruite pendant les guerres de religion, ne fut jamais reconstruite. Il est vrai qu’il n’y avait aucun catholique dans la paroisse à l’exception du curé…
Les plans d’origine des édifices sont souvent très simples : une nef de deux ou trois travées et une abside qui est généralement semi-circulaire. On retrouve de tels plans ainsi à Arzeliers (chapelle Saint-Michel dans le vieux village), à Bénivay-Ollon (Notre-Dame de Tirtempli ou Saint-Jean d’Ollon), au Poët-Sigillat (à Notre-Dame de Beaulieu) ou à Savournon. À Barret-sur-Méouge, l’église Saint-Laurent présente une abside rectangulaire. À la jonction du mur et de la voûte, un bandeau, en ressaut, servait à poser les échafaudages destinés à la construction de la voûte. C’est certainement à l’intérieur de l’église de Saint-Cyrice qu’on peut le mieux avoir une idée de l’élévation de ces modestes églises.
Parfois, au cours du Moyen Âge ou au XVIe siècle, des chapelles latérales, à vocation funéraire ou destinées à des confréries, sont bâties. Elles peuvent former, par la suite, des sortes de transepts, comme à Notre-Dame de Cadenet à Piégon. À Châteauneuf-de-Bordette, les récents travaux de restauration de l’église ont permis de retrouver le décor de deux anciennes chapelles des XVIIe et XVIIIe siècles, masqués lors de la restructuration de l’édifice au XIXe siècle.
En fait, on compte assez peu de grandes églises. Notre Dame de Nazareth à Lagrand (commune de Garde-Colombe) ou Notre-Dame de Calma à Lachau sont parmi les plus anciennes. Elles ont conservé leurs dimensions et leur élévation d’origine. D’autres églises, également vastes, ont été reconstruites en partie après le Moyen-Âge, comme celles de Serres, de Nyons, de Vinsobres ou de Taulignan. Elles trahissent alors un dynamisme économique de ces communes, mais aussi la volonté de revanche sur les communautés protestantes à la fin du XVIIe siècle.
Aujourd’hui, nombre de ces églises sont fermées et les prêtres beaucoup moins nombreux. Les cimetières se sont éloignés de leurs murs. Quand elles restent ouvertes, elles deviennent un attrait pour les visiteurs. Au fil des siècles, leur vocation a donc évolué, mais on doit bien constater que rares sont celles qui tombent en ruine.