A la recherche du lézard Ocellé

Si la richesse d’un territoire se mesure à sa biodiversité, Villeperdrix est probablement un village du Parc naturel régional des Baronnies provençales qu’il faut arpenter sans plus tarder, jumelles au cou. Sous la Montagne d’Angèle les ailes de majestueux Vautours fauves frôlent celles des Gypaètes barbus, parfois dans un fracas de plumes, plus souvent autour d’une danse allègre. Sous leurs larges ombres, une multitude d’espèces s’aventurent dans ce paysage caractéristique des montagnes méditerranéennes, même les plus inattendues. Ici, les 600 hectares préservés de Villeperdrix que constituent l’Espace naturel sensible, forment un site d’observation privilégié, bien connu des ornithologues mais aussi des herpétologues… Mais que viennent-ils y observer ?

L’Espace Naturel Sensible de Villeperdrix et le Lézard Ocellé

L’histoire de l’Espace Naturel Sensible de Villeperdrix a commencé en 2014, quand la commune a fait l’acquisition de terrains sur les montagnes d’Angèle et de Buège. L’investissement étant non négligeable pour la commune, elle a sollicité le Conseil Départemental de la Drôme dans le cadre de sa politique Espace naturel sensible (ENS). C’est ainsi que l’ENS de Villeperdrix a vu le jour en 2018. Une démarche que le Parc naturel régional des Baronnies provençales avait alors soutenu techniquement par la conduite d’un pré-diagnostic écologique et socio-économique. L’Espace naturel sensible tel qu’il existe aujourd’hui permet à la faune, la flore et aux promeneurs de se côtoyer aisément. Au rythme des tintements de cloches des troupeaux qui guident leurs pas dans ce milieu propice au pastoralisme, les herpétologues, spécialistes des amphibiens et des lézards, peuvent y observer une espèce rare et menacée : le Lézard Ocellé. Reconnaissable à ses écailles noires et jaunes, et aux trois rangs d’ocelles bleus qu’il possède sur le dos, le reptile est aussi le plus long lézard d’Europe[1]. De mars à novembre, il passe de longues heures à se gorger des premiers rayons de soleil de la journée sur des pierriers bien exposés, dans le but de réguler sa température. En période hivernale, il hiberne dans des murets, ou dans des galeries creusées par d’autres espèces. Le lapin est ainsi un allié considérable du Lézard Ocellé, tout comme le pastoralisme bien présent à Villeperdrix. Les naturalistes envisagent même aménager de nouvelles garennes car ces espaces herbeux, rasés par les léporidés et les ovins, permettent au reptile de bénéficier de milieux ouverts où il aime tant lézarder… Les terriers s’avèrent aussi de bons lieux de repli en cas d’attaque de prédateurs et lui prodiguent un gîte dont il se contente. Car si en France les Lézards Ocellés sont protégés, leur habitat, lui, ne l’est pas. Le Lézard Ocellé bénéficie d’un Plan National d’Actions (PNA), en vigueur jusqu’en 2029. Il prévoit notamment d’acquérir des connaissances sur sa répartition et favoriser la conservation de l’espèce. Des actions sont ensuite mises en œuvre sur les espaces où il vit et un programme de communication permet de diffuser les informations récoltées.

La complémentarité des espèces permet respectivement leur survie

Le Lézard Ocellé ne trouverait probablement pas sa place à Villeperdrix si, sous les falaises d’Angèle, on ne trouvait papillons et orthoptères, chauve-souris ou grands rapaces.  En effet, toutes ces espèces bénéficient des milieux ouverts. Ainsi, un des objectifs du plan de gestion de l’ENS est de restaurer et entretenir les milieux ouverts au sein de la mosaïque d’habitats. En d’autres termes, cela revient à s’assurer que ces espaces restent dégagés, ce qui peut mener à la coupe de pins qui feraient trop d’ombre. Par ailleurs, Villeperdrix dispose de nombreuses ressources qui participent à l’équilibre écologique local et dont les hommes sont les premiers bénéficiaires, notamment pour l’agriculture : captage d’eau potable, parcelles forestières exploitables, … Classé pour son intérêt écologique, et paysager, l’Espace Naturel Sensible qui doit être préservé, reste ouvert à tous. Les randonneurs et visiteurs, qui ne sont pas considérés nuisibles à la survie du grand reptile au sang froid, peuvent continuer leurs activités et s’aventurer sous la montagne d’Angèle tout en restant sur les chemins balisés. A Villeperdrix, mieux vaut d’ailleurs se déplacer à pied, car l’Espace Naturel Sensible situé à flanc de précipice ne permet pas toujours aux véhicules de se croiser. L’extinction des moteurs permet alors à la faune de mieux se laisser observer par le visiteur patient et conscient de son impact. Un petit parking aménagé facilite l’accès au site, et des panneaux pédagogiques et informatifs donnent d’ailleurs quelques clés de compréhension du paysage et de ses enjeux aux randonneurs curieux.

 

 

[1] Le lézard ocellé peut atteindre jusqu’à 70cm

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